4) 1997, confrontation peinture-installation-boîte
Installation d'un château de sable à Anvers en 1997 , photo © Eric Itschert |
En 1997, j'expose une série de tableaux à Anvers mettant en
œuvre les théories du "symbolisme bleu constructif" : je mêle dans
une même exposition des tendances de l'art les plus antinomiques. Je confronte
mes tableaux à la peinture figurative, minutieuse et réaliste, à une
installation et des boîtes contenant des objets. La plupart de ces derniers sont fabriqués sur
le modèle de ce qui a d'abord été peint (notion conceptualiste). La
confrontation appelle une lecture symbolique de l'ensemble. Quant à la
confrontation installation-tableau, elle intervient bien avant les travaux de
Martin Eder (école des Beaux-Arts de Dresde) lancés en Allemagne à partir de
2001. La visualisation des objets dans
les tableaux est une réflexion sur le concept "magrittien" "ceci
n'est pas une pipe". Remettre ces
objets en vrai dans les boîtes revient à affirmer "...mais cela là est
bien une pipe !"
A propos de "ceci n'est pas une pipe" le
symbolisme bleu propose une lecture alternative réhabilitant l'image :
"On
peut bâtir des châteaux de sable en sachant que ceux-ci ne vivront pas aussi
longtemps que leur image ou même leur photo. Ils sont image de la brièveté de
notre propre vie. Tout jeu a une importance initiatique et psychologique. Son
essence le portera à être éphémère. Le
paradoxe de l'image est de pouvoir survivre à son prototype: le château de
sable aura depuis longtemps disparu, l'enfant qui l'a construit sera devenu un
vieillard et seule restera une photo fragile et jaunissante, image d'un enfant
construisant un château de sable... ".
Ainsi le thème de la mémoire et du temps est déjà
implicitement abordé à cette époque : le château de sable ne durera quequelques heures, l'enfance que quelques années, la photo ou le dessin sera
destiné à durer peut-être un siècle et la peinture, exécutée avec des
techniques d'avant l'impressionnisme peut-être plusieurs siècles. Bien sûr,
l'installation est celle d'un vrai château de sable.
"L'enfance ne durera que quelques années..." , Renaud construisant un château de sable. |
"Less is no more"
Cette confrontation apparemment innocente entre des dessins,
des tableaux et une installation "minimaliste" n'est pas en faveur de
cette dernière ; mieux, elle la "court-circuite" et détruit le
préjugé qui nous est asséné depuis des années : "less is more". Cette
idée reçue a empoisonné la peinture et a été poussée jusqu'à l'absurde par le
peintre Yves Klein dans son "exposition du Vide" en 1958 à la galerie
Iris Clert où il réalisait un vernissage dans le vide de tableaux inexistants.
Après ce "remake" d'un vieux conte à propos des vêtements d'un roi,
il ne restait plus au peintre Yves Klein qu'à rebrousser chemin et à montrer un
peu plus...
Exposition à la Galerie Esra II, à Anvers |
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