24) Lecture chrétienne du labyrinthe
A) Le labyrinthe de l'église latine à l'abbaye bénédictine de Chevetogne
Ci-haut : abbaye de Chevetogne, église latine : architectes
Eric Itschert et Roland Van Eyck. La peinture murale d’inspiration romane est
due au moine iconographe russe Zénon. Les plans de l’église ont étés conçus
avec des tracés régulateurs.
Ici-bas : dans l’atrium de l’église et en concertation avec
les moines de l’époque, j’ai dessiné et fait mettre un labyrinthe carré à voie
unique.
Le Christianisme a repris les labyrinthes dans les
cathédrales et les églises. Ces labyrinthes étaient parfois fins de parcours de
pèlerinages organisés vers ces cathédrales ou églises. Ces pèlerinages
remplaçaient le pèlerinage vers la Terre Sainte rendu impossible par les
guerres. A remarquer que le trajet du labyrinthe et sa symbolique restent les
mêmes. A une voie ou à plusieurs voies,
il est toujours suggéré, sinon marqué, qu'au centre nous attend la Jérusalem
céleste, après le passage obligé par la mort. Faire le pèlerinage vers la
Jérusalem terrestre doit donc nous permettre de réussir celui qu'est notre vie,
trajet vers la Jérusalem céleste. La plupart du temps, les labyrinthes des
cathédrales sont à une voie. Toutefois la Jérusalem céleste, aboutissement au
centre du labyrinthe, est source de méditation plus profonde:
1) Il y a plusieurs chemins vers la Lumière, car il y a
plusieurs portes dans la muraille de la ville.
2) Malgré la Lumière Une de l'Agneau au centre de la
ville, il y a continuation de différenciation dans l'Unifié par les différents
anges gardiens des portes,
3) La Lumière Unique Vérité peut-être perçue à travers les
miroitements et les couleurs diverses des pierres précieuses formant la
muraille de la ville, ce qui conforte l'importance de la
matière-différenciation dans « l’économie de notre salut » pour reprendre la
terminologie chrétienne.
Dessin de la Jérusalem céleste, © Eric ITSCHERT. Ce dessin
fait référence à l’Apocalypse de St. Jean, 21 et 22.
En dehors de la ville, nous ne sommes pas encore prêts à
voir l'Agneau dans sa gloire, mais nous percevons déjà des reflets de la
Lumière à travers les couleurs des pierres précieuses. A un autre niveau de
compréhension, c’est nous les pierres précieuses, avec nos qualités et nos
manques qui font nos couleurs, reflets imparfaits de la perfection unique et
divine du Christ, de la perfection de cette Lumière blanche et active. Il en
est encore de même pour notre perception de « la Vérité » : nous ne pouvons en
percevoir qu’un éclat et une couleur particulière, dont nous pouvons être
rayonnement à notre tour. Ce n’est donc pas parce-que une autre pensée que la
notre présente une autre couleur qu’elle est fausse.
... telles celles des ailes du papillon...
Les couleurs sont telles celles des ailes du papillon
gnostique Aurélia, symbole de la Vérité : couleurs changeantes d'après le point
de vue que l'on aborde et nos capacités à appréhender une Vérité qui nous
dépasse. Seul le sot en déduira qu'il n'y a pas de Vérité, seul le sot fera la
guerre pour défendre une couleur au détriment des autres.
Labyrinthe de l’église latine de l’abbaye de Chevetogne.
Photo © Eric Itschert.
Ces remarques peuvent nous inciter à questionner autrement
le rapport qui existe entre le Pierrot lunaire et l'Arlequin bariolé. Ce n’est
que notre différenciation dans la matière, cette alchimie entre ordre et
désordre, qui permet à l’Amour et à la Compassion d’éclore. La différenciation
dans l’Un, la Trinité en un Dieu Un en est une autre tentative de
formulation.
B) Labyrinthe de l'église Sainte-Foy à Célestat en France
Ci-dessous: labyrinthe au sol de l'église romane Sainte-Foy de Sélestat
(Vosges). Il faut atteindre l'octogone
au centre, symbole du Christ. Tout le monde des phénomènes autour du centre
"incréé" est octogonal car il
est "modelé", "changé" par la venue du Christ et sa
résurrection. (Photo © Eric Itschert.)
Eglise romane Sainte-Foy de Sélestat (Vosges), à l' extérieur: un lion garde chaque montant de la
porte avant d'entrer dans le lieu sacré. Le profane rentre à ses risques et
périls. Aussitôt entré, le croyant découvre la porte du labyrinthe. Ce dernier
est avertissement que toute vie s'écoule vers le centre où immanquablement la
mort nous attend. A nous d'être alors prêt pour accéder à la Jérusalem Céleste.
Commentaires
Enregistrer un commentaire