32) Le triptyque « Jonathan dans la villa romaine »
Technique: mixed
média sur panneaux de bois (triplex) sur armature bois.
Dimensions: chaque panneau fait 100cm X 80cm
Série: m u s é e i m a g i n a i r e
Dans cette oeuvre, il s’agit d’une confrontation se réalisant à l'intérieur
même du tableau : deux techniques très différentes sont mises en présence sur
le triptyque intitulé "Jonathan dans la villa romaine". Ce travail
est prétexte à mélanger un nu traité à l'huile de manière relativement réaliste (avec des
fondus dans les couleurs) sur un fond représentant des personnages peints avec
un médium aqueux à la manière de la fresque romaine.
La peinture à fresque utilise un moyen d'expression propre. Dans la fresque c'est au trait qu'on travaille le plus souvent pour réaliser les dégradés.
J’évite le pastiche dans le sens où le pastiche n'est qu'une imitation très superficielle du sujet pastiché, souvent non compris. Or, ici je connais parfaitement la peinture grecque et romaine pour avoir pratiqué la peinture byzantine. De manière faussement ludique, le triptyque est une réflexion sur les mystères dionysiaques encore appelés mystères de Sémélé.
La peinture à fresque utilise un moyen d'expression propre. Dans la fresque c'est au trait qu'on travaille le plus souvent pour réaliser les dégradés.
J’évite le pastiche dans le sens où le pastiche n'est qu'une imitation très superficielle du sujet pastiché, souvent non compris. Or, ici je connais parfaitement la peinture grecque et romaine pour avoir pratiqué la peinture byzantine. De manière faussement ludique, le triptyque est une réflexion sur les mystères dionysiaques encore appelés mystères de Sémélé.
La peinture byzantine, héritière de la peinture grecque antique.
Dans la peinture d'icônes, les images sont hiératiques et stylisées. Elles sont les lointaines héritières de la peinture grecque antique. L'origine de la technique de l’icône sur bois et une partie de son hiératisme a été plus particulièrement attribuée à l’art du portrait égyptien dans la tradition picturale grecque de l'école d'Alexandrie. Nous ne pouvons en effet nous faire une idée de la peinture grecque antique que par des sources indirectes: certaines fresques romaines, à Rome, à Pompéi ou à Herculanum par exemple, et les portraits du Fayoum en Egypte à l'époque des Ptolémée.
Sur ce triptyque s'exprime donc une de mes
préoccupations majeures de cette période: transfigurer les visages, peindre des êtres
ouvrant grand les yeux sur la lumière de l’au-delà, les traits beaux et
apaisés, rayonnants de lumière. Pour avoir étudié la mythologie gréco-romaine
et plus particulièrement une des œuvres les plus remarquables de Pompéi, une
fresque de la villa des Mystères (1), du IIe style pompéien, j'ai donné libre cours à ma fascination pour les mystères dionysiaques. Rappelons ce que le peintre Arnold Böcklin dit: [que les tableaux de la Renaissance ] "font l'effet de vieilleries en regard
de ces peintures antiques".
Un défi périlleux.
Depuis la découverte de Pompéi, nombreux sont
les peintres qui ont essayé, avec plus ou moins de bonheur, de reproduire cette
peinture admirable. Malheureusement il faut bien reconnaître que la plupart du
temps, un fiasco les attend. Ils ont beau essayer de reproduire les techniques
matérielles exactes, cela ne suffit pas. En effet, la peinture antique grecque
ne demande pas seulement des techniques matérielles bien spécifiques, mais
aussi une bonne compréhension des canons iconographiques très complexes et
particulièrement élaborés utilisés pour la représentation des visages et des
vêtements antiques. La grande diversité d’expressions, de modes et de styles
cache trop souvent au profane ces canons pourtant immuables dans ce type de
peinture.
Pour peindre Jonathan, j'ai utilisé de la peinture à l'huile. Mais je me suis vite rendu compte qu'il ne fallait pas le peindre de façon trop réaliste non plus, sinon le triptyque perdrait de son harmonie. Ainsi tout en étant devant la fresque, je voulais que le garçon soit à moitié dedans. Il fallait donc supprimer toute ombre portée du garçon sur le mur censé se trouver derrière lui. L'ombre aurait trop souligné la présence de Jonathan. Elle l'aurait détaché, isolé de la scène derrière lui. Il y avait une autre difficulté, celle du temps. Sur le panneau représentant Dionysos et Ariane, la lumière vient de côté. Sur Jonathan elle vient à peu près du même angle. Mais sur le panneau du pêcheur la source de lumière a bougée, indiquant la notion de temps par la course du soleil... Je voulais rendre Jonathan intemporel et l'idéaliser. Je voulais le représenter dans un autre monde plus parfait que le nôtre.
Il y a tout un jeu de cadres dans ce triptyque. Les cadres rouges isolent les scènes du reste du mur. Les cadres blancs isolent à leur tour la portion de mur de la peinture du reste du mur où elle est censée s'intégrer. Jonathan sort du cadre rouge, mais il reste en deçà du cadre blanc. Sa position est entre deux cadres, entre deux mondes. Il est dans un monde parallèle qui n'est ni celui de la Grèce antique ni celui du spectateur du tableau. Ne sachant pas comment le triptyque serait éclairé, l'ombre de Jonathan aurait compromis la magie de la scène.
Un garçon nu traité de manière relativement réaliste.
Pour peindre Jonathan, j'ai utilisé de la peinture à l'huile. Mais je me suis vite rendu compte qu'il ne fallait pas le peindre de façon trop réaliste non plus, sinon le triptyque perdrait de son harmonie. Ainsi tout en étant devant la fresque, je voulais que le garçon soit à moitié dedans. Il fallait donc supprimer toute ombre portée du garçon sur le mur censé se trouver derrière lui. L'ombre aurait trop souligné la présence de Jonathan. Elle l'aurait détaché, isolé de la scène derrière lui. Il y avait une autre difficulté, celle du temps. Sur le panneau représentant Dionysos et Ariane, la lumière vient de côté. Sur Jonathan elle vient à peu près du même angle. Mais sur le panneau du pêcheur la source de lumière a bougée, indiquant la notion de temps par la course du soleil... Je voulais rendre Jonathan intemporel et l'idéaliser. Je voulais le représenter dans un autre monde plus parfait que le nôtre.
Un cadrage incertain.
Il y a tout un jeu de cadres dans ce triptyque. Les cadres rouges isolent les scènes du reste du mur. Les cadres blancs isolent à leur tour la portion de mur de la peinture du reste du mur où elle est censée s'intégrer. Jonathan sort du cadre rouge, mais il reste en deçà du cadre blanc. Sa position est entre deux cadres, entre deux mondes. Il est dans un monde parallèle qui n'est ni celui de la Grèce antique ni celui du spectateur du tableau. Ne sachant pas comment le triptyque serait éclairé, l'ombre de Jonathan aurait compromis la magie de la scène.
Des objets.
Le triptyque est accompagné d'un masque et d'une boîte avec
des objets. Sur cette image on ne voit pas la boîte, qui devait être présentée soit à plat sur un socle soit accrochée au mur sous le panneau central. Pour en savoir plus voir notes 36 (le masque) et 38 (la boîte). Devant le triptyque est prévu une installation. Cliquez sur le lien pour voir le plan d'ensemble.
Voir le panneau de gauche du triptyque (Ariane et Dionysos).
Voir le panneau central du triptyque.
Voir le panneau de droite du triptyque (le pêcheur).
(1) Si la villa des Mystères vous intéresse, je vous conseille
une des rares études intelligentes écrite sur le sujet : « La grande fresque de la Villa des Mystères à Pompéi » écrit par Gilles Sauron à Antiqua éditions
Picard. En effet, l’analyse est pertinente entre autres parce-que le sens de
lecture des fresques est juste. Trop d’autres ‘spécialistes’ se trompent dès le
départ, alors qu’il leur suffirait de se pencher sur les traditions de la
peinture byzantine (programme iconographique et ses méthodes dans la fresque
des églises orthodoxes grecques) héritière directe de la peinture grecque
antique. L’art antique ne peut être étudié avec intérêt qu’à la condition
d’essayer de se replacer dans l’esprit de l’époque, chose que cet auteur
parvient à faire de manière magistrale !
bonjour Eric
RépondreSupprimeril est sacrément beau le triptyque une très belle présentation
bon dimanche
bisous ☺
Salut chère nays,
SupprimerMerci pour tes gentils mots! J'ai eu la chance de pouvoir suivre la vie du triptyque dans trois lieux très différents déjà, c'est un de mes mécènes qui l'a acheté! Chaque fois le triptyque était la pièce maîtresse d'un lieu, cela donnait vraiment bien!
Un critique d'art m'avait stupidement reproché les guirlandes au-dessus des scènes, ignorant mes intentions à propos de l'oeuvre. En fait ces guirlandes servent de traits d'union entre les panneaux. Elles ont permis, dans le dernier site où ils ont étés placés, de les mettre à une bonne distance l'un de l'autre: le panneau central plus haut, les deux autres plus bas, le tout selon un axe rigoureux traversant toute la pièce. Mais bon, il ne faut pas attendre beaucoup de culture de certains critiques d'art, souvent leurs connaissances artistiques s'arrêtent à Duchamp :D