54) Aïnigma γ

Aïnigma γ, le diptyque et deux détails

 

Aïnigma γ, diptyque, © Eric Itschert

Aïnigma γ est une commande reçue suite à la réalisation du tableau Aïnigma ß. Ce tableau a également été peint en 1995.  A l’époque je voulais en même temps aborder le thème des piscines et en même  temps  garder une part d'insolite. Cela me semblait amusant de faire un clin d’œil à la mythologie dans un tel tableau.

Pour mon personnage de gauche, J'ai pris une sculpture comme modèle principal, mélangé à un modèle vivant. Je voulais que ce soit comme si c’était une statue de cuivre rendue vivante (1).  Ici c’est un homme en bronze qui devient vivant et non une femme en ivoire comme dans le mythe de Pygmalion et Galatée (2).

Selon une légende de l’Antiquité, Pygmalion est un artiste qui réalise une splendide sculpture d’une femme, Galatée. La sculpture est tellement parfaite qu’il en tombe fol amoureux. Il fait le vœu qu’elle devienne vivante. Aphrodite, déesse de l'amour, réalise le vœu. Pygmalion épouse Galatée en présence de la déesse. Le nom des personnages provient du grec ancien : Πυγμαλίων καὶ Γαλατεία. La légende est racontée de la manière la plus complète par Ovide dans ses Métamorphoses.

Concernant la série des piscines, voir aussi la note 3).

Aïnigma γ, détail, © Eric ITSCHERT

(1) La métamorphose de la statue en homme vivant se fait avec l'aide bienveillante des ntr, évoqués par les drapeaux. (Concernant les ntr, voir LEXIQUE en archives). Dans le langage symbolique des Alchimistes, tout ce qui est infiniment petit contient l'infiniment grand et vice-versa. Et tout acte aussi petit soit-il peut avoir des conséquences infinies dans l'univers. Ne dit-on pas de nos jours qu'un battement d'ailes d'un papillon ici peut provoquer une tempête à l'autre bout du monde? L’homme a un pied posé sur une sphère. On peut lire la sphère de manière littérale comme une boule de cristal. 

Une boule de cristal, évocation de l'univers...

Mais on peut aussi la lire, dans un sens second, comme une évocation de l'univers... L’homme est grand par rapport à la sphère, et pose le pied dessus comme s’il pouvait l’écraser. Pourtant sa vraie dimension est très relative : une sorte de Golem crée par l’homme créé par l’Ineffable. C’est un paradoxe que j’ai voulu évoquer. Quant à nos actes...il serait temps que l'homme se responsabilise un peu plus sur cette terre, car je parle d'un battement d'ailes de papillon, alors qu'en est-il de déforestations sauvages de forêts entières avec ses myriades de papillons différents? Ce sont des univers entiers qui disparaissent ! Quittons un instant le niveau symbolique pour remarquer que nous anéantissons à jamais des milliers de possibles pour trouver de nouveaux médicaments à partir d’espèces jusqu’ici inconnues.

(2) Paul Delvaux a réalisé un tableau très intéressant à ce sujet, intitulé ‘Pygmalion’. Le rôle homme-femme est inversé. L’adolescent représenté en statue ressemble à Paul Delvaux lui-même. Le tableau se trouve à Bruxelles, au Musées royaux des Beaux-arts de Belgique, inv. 7544.