122) Living Art

"Météorite 2", illustration numérique, photo © Eric Itschert 

De la photo analogique à la photo numérique

Personnellement je passe très tard de la photo analogique à la photo numérique: en mars 2007. Cela a plusieurs raisons, et d'abord le travail avec mes modèles. Mes modèles posent nu devant un appareil photo analogique en confiance. Les photos ne risquent pas d'être piratées et de se retrouver sur Internet. Sur Internet aucun système de sécurité n'est infaillible. Depuis que je travaille avec un appareil numérique, certains de mes modèles se sont montrés plus méfiants, avec raison! 

Le développement automatisé des photos, qu'elles soient analogiques ou numériques, passe maintenant automatiquement par la numérisation. Même les négatifs sont numérisés avant d'être imprimés. Et cela fait un bon petit temps que je n'ai plus la place pour maintenir mon propre laboratoire noir et blanc. La seule alternative pour continuer avec certains modèles est la photo Polaroid, très coûteuse... 

En 2007 il faut donc me rendre à l'évidence: impossible d'éviter la photo numérique. Je reçois un appareil photo Samsung Digimax S600, avec son mini-programme de retouche photo, en cadeau. C'est un petit appareil numérique bas de gamme. Je découvre avec délices ce nouveau moyen d'expression, pourtant très limité.

Depuis quelques temps un autre problème se posait: les illustrateurs travaillant sur papier sont de moins en moins sollicités. Je dois donc impérativement me reconvertir. L'appareil Samsung me servira d'outil premier pour faire connaissance avec le numérique. Très vite je me perfectionnerai avec d'autres appareils, grâce à des cours du soir. Les limites sont faites pour être dépassées...

Créations de paysages à l’aide de petits objets 

"Météorite", photo © Eric Itschert and co 

En 2010, un ami et moi avons commencé une série de nouvelles expériences photographiques. Il s'agissait de créer de toutes pièces des paysages avec des petits objets. Bien sur ce jeu venait simplement s'ajouter à mon travail de peintre, il n'avait  aucune incidence sur ce dernier. 

L'idée était d'utiliser le matériel disponible : le petit appareil numérique Samsung en ma possession. Il fallait repousser nos limites jusqu'aux dernières extrémités, celles de l'appareil et de son programme. Ce n'était pas ma première expérience de ce type, puisque j'ai aussi travaillé au Polaroid dans le passé. La déformation de perspective inhérente à certaines prises de vue avec un tel appareil était exploitée au mieux. 

L'invention du 'Living Art'

Les photos étaient réalisées dans le living de mon ami, sur une table, à l'aide de l'éclairage artificiel existant et la plupart du temps avec appui (livres, dossier d'un siège...) mais sans pied. C'était notre manière de pratiquer le « Land Art », impertinence et ironie en plus : on rebaptisa ceci le « Living Art » suite au commentaire de Giacomo le jour de la première sortie de cette note sur les Skynetblogs. La photo "Météorite" représentait une météorite filant dans l'espace, elle fut faite avec une grande simplicité de moyens (orange, papier satiné noir, miroir, petite pierre...). 

PLUS DE DÉTAILS SUR NOTRE MANIÈRE DE PROCÉDER POUR « MÉTÉORITE » : 

On appose du papier noir satiné (C) sur une grande bouteille (D), et on le tient par une orange posée en équilibre sur le goulot de la bouteille (E). Un miroir (A) permet de photographier l’ensemble sous un bon angle. On pose une pierre (B) sur le miroir pour figurer la météorite dans l’espace. Sur la première version ci-dessus, la version d’origine, on retouche à peine le bord de la planète grise pour corriger l’arrondi, et on rajoute des points blancs pour figurer les étoiles. On n’a pas touché à la couleur du plafond qui est tel quelle dans la pénombre. 

Une seconde version de "Météorite" réalisée avec Photoshop

Bien plus tard, en 2012, je puise dans ma bibliothèque de photos et crée une nouvelle version de la photo « Météorite » avec Photoshop Éléments 9. « Météorite 2» me servira pour une illustration. Je garde pourtant un gros faible pour la version d’origine, connaissant le peu de moyens qu’on a utilisé alors…

Lire l'univers dans un grain de sable

L'idée centrale du projet est que ce qui est dans le petit est aussi dans le grand, que l'univers peut se lire dans un grain de sable. Cette idée n'est pas neuve, on la retrouve tant chez les alchimistes que chez des artistes récents comme William Blake. 

Dans l'art du jardin japonais, un étang peut signifier la mer et un rocher une montagne...

« Iceberg », photo © Eric Itschert

Pour cette note et la note suivante, je vous montre quelques paysages créés afin qu'ils puissent devenir pour vous des « lieux de rêves »... Tel devrait être notre liberté : pouvoir à tout moment nous évader dans l'infini de notre monde intérieur. 

Des artistes et des écrivains chinois avaient souvent chez eux, dans le passé, l'un ou l'autre beau petit rocher, une racine particulière d'arbre ou encore un autre élément de la nature afin de s'aider à s'évader dans la nature même en plein hiver...