128) Mélancolie


Archives, 29/03/2010 

Philosophie & technique



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Détail de dessin, dessin et plumes dans une boîte, 50 X 60, © Eric Itschert


PLAN 


128) Mélancolie 









INTRODUCTION


L'année passée, un galeriste « tendance » est venu visiter mon exposition « Traces d'Icare » à Bruxelles. Il a à peine regardé mes tableaux à l'huile, s'est longuement penché sur mes boîtes mêlant objets et travaux graphiques et, ensuite, sur l'installation principale de l'exposition. Il me demanda si je voulais bien exposer chez lui, mais en excluant mon travail à l'huile. J'ai d'abord cru qu'il l'excluait tout simplement parce que sa galerie s'était spécialisée en travaux graphiques, ce qui ne me posait aucun problème en soi. Mais en discutant un peu plus avec lui je compris qu'il méprisait tout travail à l'huile. Il n'avait donc absolument rien compris à l'essentiel de mon travail. Je déguisai un refus sous le prétexte que je voulais me donner le temps de réfléchir. 


Une certaine mélancolie me saisit, une de ces mélancolies familières à force de revenir de temps en temps. Je me rappelai mon galeriste Reinold Ketelbuters, qui allait au contraire à l'essentiel et privilégiait mes peintures à l'huile avant tout. 


En ce qui concerne la nouvelle génération de galeristes et de critiques d'art elle reste trop souvent à la superficie des choses, et l'histoire de l'art semble commencer pour eux avec les impressionnistes. Ce qui existait avant n'est plus bien compris ni analysé ou alors en comparaison avec des œuvres contemporaines pour servir de faire-valoir à ces dernières. Cela amène à beaucoup de quiproquos et d'impostures. 



UN PEU DE PHILOSOPHIE... 


Ne nous y trompons pas : que j’éprouve une certaine mélancolie ne veut absolument pas dire que je regretterais un ‘âge d’or’ passé ! Je veux vivre maintenant et nulle part ailleurs dans le temps. Ces deux mythes que sont celui de l’âge d’or (= le passé était meilleur que le présent) et celui du progrès (= le futur sera meilleur que le présent) sont nuisibles pour l’art véritable : ils le déconnectent du présent et le rendent esclaves du temps. 


Or l’œuvre d’art parfaite a le pouvoir d’exprimer la forme la plus intense de l’instant et par ce fait rejoint l’éternité. C’est le sens même de ce que j’écris à propos des deux lions (voir "Un lion sur une porte", milieu d’article). 


Mais il est dur d’être libre parmi des esclaves ! Esclaves du temps, et aussi esclaves de l’espace. Sont esclaves de l’espace les artistes, les galeristes et les collectionneurs qui pensent que, pour une œuvre, circuler est une valeur en soi. Ils ont abandonné tout jugement critique par rapport à l’œuvre, elle n’a de valeur que parce qu’elle a circulé mondialement. Moi je travaille ICI (en Belgique en l’occurrence) et MAINTENANT. J’ai des œuvres un peu partout dans le monde mais les collectionneurs qui ont acheté mon travail ont du se déplacer ici à Bruxelles ou à Anvers. 


La technique, loin de nous asservir, nous donne la liberté. Il n’y a qu’en art contemporain mondain que bizarrement on voit la technique comme un asservissement. On prétend « se libérer » de tout : de la peinture, du dessin, de la représentation… En réalité c’est une fausse libération, il s’agit d’une amputation. Je vis une époque formidable avec plein de nouvelles techniques à apprendre (photo, travail numérique, vidéo…) et ajoutées à la maîtrise des anciennes techniques elles peuvent faire de nous de véritables magiciens ! L’artiste contemporain mondain est loin du compte : tel un singe il oublie un fruit délicieux pour en saisir un autre…



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