136) Une rencontre faite de lumière, de bleus et d’eau

Archives, 31/10/2012 



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'Mais il y a ce garçon qui nage nu...' ,
peinture à l'huile sur toile de lin, 70 cm x 100 cm, © Eric Itschert 

Ombres et Lumières 


« … personne ne pouvait dire combien de temps cela durerait. Tout ce qui a une forme peut disparaître à tout moment. Yukiko, la pièce où nous nous trouvions, ces murs, ce plafond, cette fenêtre, tout pouvait disparaître avant que j’aie eu le temps de m’en rendre compte ». 

‘Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil’ par Haruki Murakami. 


Le soleil et l’ombre des arbres jouent ensemble dans la piscine. J’imagine une rencontre entre la matière et l’esprit. Des reflets changeants dansent au fond de l’eau, des gouttes de lumière pure scintillent à sa surface. La beauté de cette rencontre entre la lumière, le bleu et l’eau froide est presque abstraite. 

Mais il y a ce garçon qui nage nu dans l’eau, fragile, chaud et concret. 

Je pense : 

- Peindre c’est vouloir matérialiser l’esprit afin que la matière soit spiritualisée. La beauté peut sauver le monde car elle est un chemin vers la Transcendance. 

Le garçon rit en sortant de l’eau : 

- Mais qu’est-ce que la Transcendance ? 

Je réponds : 

- La Transcendance est un chemin qui mène vers ce qui n’est ni une chose ni une personne, mais une réalité ontologique qui est au-delà du visible, réalité que je puis exprimer par « Lumière ». 

Le garçon s’allonge maintenant. Il se chauffe au soleil. Des gouttes d’eau perlent sur son corps. 


Il interroge à nouveau : 

- Tu dis que la beauté peut sauver le monde, mais qu’est-ce la beauté ? 

La chaleur du soleil est délicieuse, elle pénètre la peau et réchauffe le cœur apaisé. Je réponds : 

- Qu'est-ce la beauté est en effet une question récurrente, car nous avons tous des critères différents concernant la beauté. Pourtant il existe des formes de beauté universelle: il y a très peu de commun entre moi et les habitants de l'Egypte antique, et pourtant la beauté de leurs œuvres me touchent profondément! Il en est de même pour la beauté de certaines sculptures du Bouddha, ou pour la beauté de l'art japonais pour ne citer que deux exemples. Au fond ce ne sont que nos propres limitations qui nous empêchent de nous extasier devant la beauté de plus d'êtres et de choses encore... Nous sommes porteurs de lumière mais l'avons oublié ! (1) 




(1) La beauté est devenue tabou dans l’art contemporain mondain. Pour les Grecs de la Grèce antique ‘l'hubris’, l'abandon orgueilleux à la démesure et à l'écart, constituait la faute suprême, punie par la Némésis. Les symptômes d'une société au bord de sa disparition se lit dans les manifestations de l'hubris de la modernité. Je crois en effet qu'une crise majeure est à venir, une crise totale. On est assis sur une bombe. La Némésis viendra du peuple en colère et de la nature bafouée. Une culture doit être un réservoir de sens, or l’homme de la société marchande est ravagé par la rationalité du profit. Dans ce monde du profit il y a une perte totale de sens. Pour cette raison, si on en croit Jean Ziegler, ce sont les cultures du tiers monde qui survivront à la grande catastrophe. 






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