150) Série de photos d’après un seul dessin
Archives, 18/10/2011
Ma dernière exposition en solo à la Galerie Fayla & Peter, « Éclectisme(s)», abordait certaines questions techniques de front, quitte à enlever un peu de mystère au monde de l’art.
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Série à partir d'un seul dessin d'Icare, © Eric Itschert |
Ci-haut on voit une série réalisée à partir d’une seule aquarelle d’Icare. Le dessin original est réalisé dans un style bande dessinée, le but de l’exposition précédente (« Traces d’Icare ») étant déjà de mélanger toutes sortes de styles dans un ensemble restant cohérent. (Bien sûr Magritte a déjà fait ce genre de choses dans sa période vache, mais je ne suis pas belge pour rien et depuis lors nous avons tenu des records en surréalisme avec nos politiciens et nos banques. Magritte n’aurait pas pu imaginer une chose pareille). L'aquarelle originale se trouve en haut au centre du « nuage » et ci-bas.
'Icare N7', l'aquarelle originale, © Eric Itschert |
Le reste sont des variations photographiques sur cette aquarelle. Vous en avez déjà vues en parcourant ce blog.
Une technique récurrente dans le monde de l’art contemporain mondain est d’essayer de magnifier des travaux qui en eux-mêmes ne signifieraient peut-être pas toujours grand-chose. C’est une technique qui vient de la publicité, mais n’oublions pas que depuis le galeriste Léo Castelli tout l’art contemporain mondain fonctionne comme le monde publicitaire, mieux, c’est devenu de la publicité et de la spéculation (1) pure, le produit vanté n’a parfois pas beaucoup d’importance ou n’existe même pas (le non-art conceptuel).
C’est de la publicité au carré, c’est la sublimation la plus exquise de la publicité ! C’est plus fort que de vendre la tour Eiffel car ici tout est légal. Ce n’est pas pour rien que des gens issus de la publicité s’offrent des galeries (voir Saatchi (2) et Saatchi & Saatchi) (3). Il s’agit de monter en épingle des choses parfois (mais heureusement pas toujours) insignifiantes, justifiées à coup de citation de Duchamp par des « critiques d’art » besogneux et lobotomisés travaillant pour une croûte de pain (par rapport à ce que gagnent leurs commanditaires) dans de beaux magasines d’art. Les musées utilisent les mêmes techniques quand ils veulent magnifier des pièces parfois tout à fait secondaires.
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Un fort agrandissement d’un détail de l’œuvre... © Eric Itschert |
Voici la recette utilisée : prenez une œuvre quelconque. (Pour l’exemple l'aquarelle d’Icare que j’aimais le moins dans ma série d’Icares.) L’œuvre peut aussi être une sculpture ou un objet. Réalisez un fort agrandissement d’un détail de l’œuvre. Imprimez-le en immenses bannières sur toiles. Inondez le public d’images reproduisant ce détail (ici on a un deuxième principe, celui de répétition). Le tour est joué : votre œuvre de départ décuple de valeur…
(1) L’un est lié à l’autre. Les médias relaient complaisamment des notes de cotations financières qui n’ont aucune valeur en elles-mêmes et se trompent en permanence comme « Madame Soleil » mais qui une fois crédibilisées permettent aux hyper-riches de mettre la planète en coupe réglée puisqu’ils sont juges et partis en même temps. Le monde de l’art mondain contemporain fonctionne de la même manière, (comment pourrait-il en être autrement) sauf qu’ici il n’y a plus aucun simulacre de règle comme par exemple une règle anti-monopole. L’affaire Hirst en est un bon exemple.
(2) Je suis devenu complètement fou ! Faire de la pub pour cette galerie :D
(3) Et qu’est-ce que fout un article sur « Saatchi & Saatchi » dans ce qui est censé être une encyclopédie ? N’essayez pas de vous faire une petite publicité pour votre commerce de légumes sur ce bidule, cela ne tiendrait pas une semaine ! Ils ont de bons chiens de garde :D
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