164) L’Éphèbe d’Agde

Archives, 09/05/2013 

L'Éphèbe d’Agde et autres esquisses.

L’Éphèbe d’Agde et autres esquisses... © Eric Itschert

Ci-dessus je montre des esquisses tirées de carnets différents. Les sculptures à gauche et à droite proviennent de nos Musée royaux d'art et d'histoire à Bruxelles, la sculpture représentée par le croquis au centre provient du Musée de l’Éphèbe à Agde. 

Une statue antique fascinante

J’ai réalisé plusieurs dessins de cet éphèbe, qui est absolument fascinant. L'Éphèbe d'Agde est une statue grecque antique. On l’a repêché dans le lit de l'Hérault, face à la cathédrale Saint-Étienne d'Agde, en 1964. On doit cette découverte à Jacky Fanjaud, membre du GRASPA (Groupe de Recherches Archéologiques Subaquatiques et de Plongée d'Agde). Cette statue date du IVe siècle av. J.-C. Elle a été réalisée dans un alliage de bronze. Cet alliage est de qualité moyenne car il contient beaucoup de plomb. La statue fait 1,4 m de haut. Après son repêchage la statue connait un périple rocambolesque, Paris ne veut plus la lâcher. Enfin la statue peut retourner à Agde après la construction du Musée dit « Musée de l’Éphèbe ». La statue en est le cœur. 

La statue a été réalisée selon le style du sculpteur Lysippe de Sicyone. Selon toute vraisemblance elle représenterait Alexandre le Grand, elle en a toutes les caractéristiques, dont la manière de traiter la chevelure. 

Tout a débuté par une conversation...

Tout a débuté par une conversation lors d’une de ces soirées dont un de mes mécènes a le secret. Ce dernier avait organisé un grand repas à la chandelle dans un jardin de sa villa néo-palladienne en Camargue. Le repas était succulent et comportait plusieurs services. On parla de l’Éphèbe d'Agde.

Quelques invités qui avaient vu cette sculpture à l’un ou l’autre moment de leur vie en étaient restés profondément impressionnés. Une femme dit même qu’elle avait tellement été marquée par cette statue que l’éphèbe hantait depuis lors certaines de ses nuits. Il lui avait même parlé. Tout le monde rit de bon cœur, on lui demanda si elle comprenait le grec ancien. Elle nous étonna en répondant qu’elle enseignait le grec ancien, et qu’en effet l'éphèbe ne lui parlait que dans cette langue. Une autre femme dit regretter que cela ne lui arrivait pas à elle, imaginant déjà le bel éphèbe la rejoindre tout nu dans son lit. Plus la soirée avançait, plus on buvait du vin, plus les légendes entourant la statue retrouvée dans les flots devinrent audacieuses. (1)

Un invité évoqua le coté absolument magique de la statue, « elle rayonne et est entourée d’une aura étrange mais bénéfique » dit-il. On évoqua alors une aventure d’Alix, héros créé par Jacques Martin, dans la bande dessinée intitulée « Le dieu sauvage ». Dans cette bande dessinée la statue émet des rayonnements qui se révéleront plutôt maléfiques! 

Dés le lendemain j'ai organisé une expédition...

Dés le lendemain j’ai organisé une expédition à Agde avec quelques convives de la veille, pour voir la statue, emmenant du matériel de dessin et un appareil photo. A mon tour j’ai été conquis par le charme mystérieux de l’œuvre. La sculpture est remarquablement belle et dégage en effet une aura étrange...

Photo © Eric Itschert

(1) On ne connaissait pas encore cette légende absurde qui courait, selon laquelle la sculpture, dérobée dans un château, aurait été jetée par les Allemands dans l'Hérault lors de leur retraite de France. Cela se serait passé lors de la seconde guerre mondiale. Légende absurde car la statue, lors de sa découverte en 1964, présentait une gangue spécifique qui témoignait de son séjour ininterrompu dans l’eau depuis des siècles. Depuis 2010 cette légende inventée par un scribouillard en mal de papier court sur Internet... à moins que ce soit l'invention d'un châtelain en quête de la statue? En tout cas cette statue suscite bien des convoitises!  

Texte et photos © Eric Itschert