190) Nouvelle génération de photos et de peintures

Archives, 08/07/2014 

Elles ont un point commun : l’utilisation du numérique. 

Diptyque « Le cerf-volant », © Eric Itschert

1. En finir avec certains poncifs.

Certains galeristes s’énervent quand ils entendent la phrase « mon enfant aussi pourrait faire ‘ça’ » Ils considèrent que c’est un poncif caractérisant le béotien inculte. Si dans certains cas c’est faux parce qu’en effet réducteur, dans d’autres cas c’est faux parce-que les enfants ont une liberté créatrice qui fait qu’ils réaliseraient beaucoup mieux que « ça ». 

Ce sont souvent les mêmes galeristes qui nous servent d’autres pensées prêtes à porter tout aussi réductrices du genre : « depuis que la photo existe on n’a plus besoin d’art figuratif ». 

On retrouve ce poncif ânonné ad nauseam dans bien des académies, des magazines d’art et des livres sur l’histoire de l’art. Il y a l’art contemporain, et puis ce qui venait avant.  Ce qui venait avant n’était que tentative de 'copier la réalité', préhistoire. Pour tout qui se passionne pour l’art sensible, il en est évidemment tout autrement. 

Si la photo ne peut remplacer la peinture, je remarque que depuis l’irruption du numérique dans notre vie il existe une nouvelle génération de peintures. Beaucoup d’artistes vont partir de la photo pour la retravailler ensuite en peinture, d’autres partiront de la peinture mais seront influencés par le numérique. Prenons deux exemples au hasard, un dans la peinture de Valdés Camejo Rachel, et un dans celle de Michael Carson, “Girl on beach”. 

2. Valdés Camejo Rachel 

La peinture de Valdés Camejo Rachel, vulgaire, a beaucoup de succès dans le milieu de l’art contemporain mondain, qui adore s’encanailler de tout ce qui est trivial. Ce n’est qu’une série d'images genre publicitaire, le tout reproduit en peinture. Cela ne m’intéresse pas de savoir si oui ou non l’artiste a utilisé le moyen numérique pour réaliser ses œuvres. Dans tous les cas le résultat en donne l’impression. 

Si on va à une foire d’art contemporain mondain on verra plein de ce genre de peintures, sous toutes sortes de noms d’artistes. A la fin vous serez saturés d’une impression de déjà vu ; une lassitude profonde vous envahira comme après la n-ième publicité aperçue pour des jeans ou le n-ième Père Noël rencontré disant hohohooo... 

Autant alors aller voir des monochromes, c’est bien plus reposant pour les yeux. Une exposition sur le vide peut tout aussi bien faire l’affaire, vous aurez au moins l’occasion d’admirer le bâtiment où elle se tient. 

3. Girl on beach 

Mais il existe des travaux bien plus subtils, comme ceux de Michael Carson, pas ou peu connu. Même si on assiste ici à une peinture plus sensible, on la sent influencée par les formes que les images prennent sur le web. 

4. Le cerf-volant, diptyque

Diptyque « Le cerf-volant », © Eric Itschert.
Les panneaux peuvent se présenter horizontalement ou verticalement.

« Le cerf-volant » est un de mes projets. Il démarre d’une photo retravaillée numériquement, comme pour certaines de mes illustrations. Mes peintures habituelles nécessitent une démarche très différente, mais ici la volonté est d’essayer autre-chose. 

Ce diptyque est basé sur le contraste. D’une part il y a le jeune homme rivé à la terre, démêlant les cordes du cerf-volant, et d’autre-part il y a le cerf-volant naviguant librement dans le ciel. Le panneau au jeune homme est construit dans des couleurs terre, très nuancées. Dans le panneau au cerf-volant, le bleu, dominant, évoque la pureté du ciel; les couleurs du cerf-volant sont vives et contrastées.