191) Redécouverte d’un ancien carnet d’esquisses
Archives, 17/10/2014
Dessins bizarres ou mal foutus
« Livre, fleurs mal encadrées et chat allongé à la
sauce égyptienne pimenté de fusain », dessin aquarellé sur papier Canson C à grain, © Eric Itschert |
1. Un carnet d’esquisses
Récemment je pars à la recherche de dessins inédits pour étoffer ma prochaine exposition à la Galerie Framing. Et je tombe sur un ancien carnet d’esquisses. Ces esquisses sont amusantes, je vais en publier quelques-unes au cours des semaines qui viennent. A cette occasion j’inaugure une nouvelle catégorie de dessins que j’ai intitulée : « Dessins bizarres ou mal foutus ». J’ai une autre définition pour « mal foutus » : c’est « mal fichus ». Mais bon, j’ai opté pour l’expression rigolote de « mal foutus ».
En effet beaucoup d’esquisses et de dessins de ce carnet sont soit bizarres soit déformés. Aujourd’hui je commence par montrer un dessin bizarre, avec un titre particulièrement long. Je crois que c’est le plus long titre que j’aie jamais créé ! Je me souviens qu’à l’époque du carnet j’avais surtout envie de laisser libre cours à mon imagination. C’était une époque de commandes sérieuses et élaborées, où je ne choisissais pas le sujet de mon travail. Il fallait bien vivre…
Je pourrais aussi nommer ce dessin : « dessin au titre emphatique ». Mais alors on n’aurait pas le titre original et on se demanderait en quoi il est emphatique, virgule, le titre.
2. Influences
Je ne nie pas avoir été influencé par les jeux qu’un de mes peintres contemporains préférés pratiquait : il s’agit de David Hockney. Certains de ses jeux sont proches de ceux du surréalisme belge, je pense en particulier à René Magritte.
Dans le tableau « Le Blanc seign », René Magritte joue avec les règles de perspective pour créer une illusion d’optique. Il utilise ce qu’on appelle « la superposition inversée ». La superposition inversée dresse le recouvrement contre l'étagement. L'étagement des bases donne en effet un premier échelonnement, que le recouvrement des formes vient contredire.
Cette utilisation du conflit entre étagement et recouvrement n'est pas nouvelle. J’en ai appris la logique durant mes cours de dessin et de perspective en architecture. Ici ce sont les verticales des arbres qui sont utilisées pour perturber insidieusement nos repères. Ce tableau paraît à premier abord très réel grâce à la texture des choses et à la perspective astucieuse des troncs d'arbres et des frondaisons. Le tout a un aspect rigoureux, hiératique, presque raide.
Nous retrouvons une technique assez similaire dans l’œuvre de David Hockney intitulée « Kerby (After Hogarth) Useful Knowledge », peinte en 1975. Ce jeu permet entre autres à une vieille dame d’offrir le feu depuis sa fenêtre à l’avant-plan à un homme au loin sur une colline, et à un pêcheur à l’avant-plan de disputer la prise de poissons à un pêcheur à l’arrière-plan près d’un lac. Les titres que David Hockney donnait aux œuvres de cette époque y rajoutaient au côté comique.
3. Le dessin
Ici il n’y a pas de superposition inversée (encore que cela dépend du point de vue), à part éventuellement un pétale de fleur couvrant la statue du chat. Mais il y a flottement des plans et des formes. Les fleurs se sont détachées du papier où elles étaient censées se trouver, le fait qu’elles n’aient pas de tige dément qu’il s’agisse d’un bouquet à l’avant-plan. Le chat est déformé et le fusain qui trace l’ombre des fleurs bouge tout seul comme un objet ensorcelé. Le papier derrière la statuette flotte, et le livre semble être posé sur le papier…
hello Eric
RépondreSupprimermal foutus héhé cela dépend du regard qu'on y dépose, je trouve le chat très élégamment stylisé et les fleurs très réalistes..le fond moitié fusain j'aime moins :)
ah Hockney j'aime oui oui
bon dim eric
bisous ☺
Coucou chère nays,
SupprimerEn fait le fond sombre aurait pu être mis du côté opposé au chat, accentuant ainsi le contour de ce dernier. Mais j'ai préféré à l'époque le mettre contre le chat, comme si c'était le résultat d'une émanation mystérieuse de celui-ci.
J'ai trop souvent lu, petit, 'Le Mystère de la Grande Pyramide' de Edgar P. Jacobs, cela a du déteindre sur mon dessin :D
Tu te souviens de cette BD?...
Bisous!
En fait, tu me diras peut-être que je n'y connais rien, mais j'aime bien ce dessin.
RépondreSupprimerUn livre, un chat, des fleurs qui me parlent, un fusain qui n'a encore que maculé de noir une page blanche... tout cela dans le désordre de ce que j'y ai vu et qui m'a beaucoup plu.
Merci d'être passé sur mon ancien blog, même si je n'ai pas encore répondu, cela m'a fait plaisir.
Passe une douce soirée.
Bonjour Chère Quichottine,
SupprimerJe suis heureux de ta visite, tu as retrouvée le chemin depuis les SkynetBlogs!
Jamais je n'oserais dire à quelqu'un en matière d'art: 'tu n'y connais rien'. Une oeuvre nous parle ou pas, nous touche ou pas. Et si un de mes travaux touche quelqu'un, j'en suis heureux! Un tout grand merci pour ton commentaire, un encouragement fait toujours du bien. Je t'embrasse et te souhaite de très bonnes fêtes!