227) La lecture inachevée

Archives, 01/12/2015 

Un tableau à l’acrylique 



peintre belge, contemporain, lecture inachevée, acrylique, surréalisme,
« La lecture inachevée », tableau à l’acrylique sur toile,
60 cm X 60 cm, © Eric Itschert



La peinture acrylique 


Dans une de mes notes précédentes j’exprimais quelques réticences par rapport à la peinture acrylique. En ajoutant qu’il y avait moyen de donner beaucoup de richesse à un tel moyen d’expression par l’utilisation de glacis et/ou de hachures. 

Cela ne m’empêche pas d’utiliser aussi ce médium pour m’exprimer. Je vous montre cette semaine un tableau réalisé à l’acrylique (1). En plus des glacis d’ensemble j’utilise ici des frottis très délicats pour le corps du jeune homme. Ce tableau fait partie de ma série des « intimistes ». 


La série des intimistes : une veine difficilement exploitable 


Actuellement j’explore deux directions : l’eau, les déformations des corps et les reflets de lumière dans des piscines, et la peinture intimiste qui fait l’objet d’une deuxième veine de recherches. 

En ce qui concerne la première veine explorée, une exposition est prévue en solo dans ma galerie l’année prochaine. 

La série des intimistes est actuellement difficilement montrable. Elle contient une charge érotique intense. Je suis obligé de censurer la majeure partie de cette série tant en galerie (en raison du type de public la fréquentant) que sur mon blog. Ce dernier doit rester accessible à tout le monde. 

« La lecture inachevée » est un des rares tableaux qui échappe à cette censure, car autocensuré. Il a été montré lors de ma dernière exposition de groupe dans la galerie.

Encore un pari… à moitié perdu ! 


Peintre belge contemporain, je baigne dans le surréalisme permanent propre à mon pays. Delvaux et Magritte ne sont jamais loin, Broodthaers et Camille De Taeye non plus. La Belgique en soi est déjà un pays fondamentalement (de fondement, fondation…) surréaliste, avant la lettre. 

« La lecture inachevée » propose plusieurs niveaux de lecture. Mon modèle (2) est en train de lire. Forcément sa lecture est inachevée, voilà une belle tautologie qui rentre si bien dans le cadre de l’art contemporain mondain. Pour que sa lecture soit achevée, il faudrait qu’il ait fermé le livre. Afin d’éviter qu’il achève sa lecture, il faut forcément arrêter la peinture du tableau à temps, au risque d’avoir un tableau inachevé. 

On peut voir les choses autrement. N’ayant pas achevé son livre auquel le garçon a un peu trop tendance à s’identifier (3), le sens du texte est entrée dans l’esprit de ce dernier (intellect), le cœur aussi mais pas encore dans ses pieds. Le vécu concret de ce qui a été lu n’a pas encore eu lieu. 

Lorsque des proches ont vu le projet évoluer, ils ont ri et parié que je n’arriverais jamais à laisser ce tableau inachevé. A l’exposition j’ai présenté le tableau parfaitement inachevé. Paradoxe tout aussi propre à l’art contemporain, car ce qui est inachevé peut-il être parfait ? Une fois le tableau retourné à l’atelier, je n’ai pas pu résister et ai achevé un peu plus le tableau… 

La note prochaine : plus sur la composition du tableau 



(1) L'avantage de l'acrylique c'est qu'elle sèche très vite. En effet, chaque tableau à l'huile me prendrait deux mois à cause des périodes de séchage: j'ai résolu le problème en réalisant deux tableaux sur deux mois. Mais l'acrylique me permet de travailler plus vite. Même si cela dure bien plus longtemps qu'une pochade comme on les réalise de nos jours...

(2) J'en profite pour remercier encore tous mes modèles. Ils posent gratuitement pour moi. Leur beauté de corps et d'âme n'est pas pour rien dans ma création. Leur gentillesse et leur patience aussi... Et puis il y a cette confiance en moi qui chaque fois me touche si profondément, c'est le plus beau cadeau qu'ils puissent me faire.

Ce sentiment de reconnaissance envers eux ne cessera jamais. Et eux rayonneront à travers mes œuvres tant qu'elles existeront, c'est mon cadeau à moi...

(3) Une question identique sur le lien qu’il peut y avoir entre le lecteur et le livre se pose dans l’aquarelle « Faune apprenant un charme puissant, 2 » où un grimoire est l'émanation d’un griffon…

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