336) Un rêve étrange

 

Un rêve étrange, illustration numérique © Eric Itschert




Une illustration numérique


Quand une sieste de jour se transforme en rêve la nuit...


Pour composer cette illustration numérique d'un rêve, j'ai utilisé le dessin d'un garçon faisant la sieste par un été caniculaire (photo d'en bas). On peut imaginer une fin de journée légèrement plus fraîche, le jeune homme nu s'est enroulé en position fœtale pour garder sa chaleur et son odeur. Quand il fait très chaud on devient parfois très frileux...


Symboles du voyage et du changement


Dans nos rêves il y a parfois des symboles ou des archétypes tellement forts qu'on se réveille en criant ou en pleurant. Ils éveillent en nous des émotions particulièrement puissantes. Le poisson révèle un monstre marin, un danger inconnu venant des abysses de la mer, il personnifie les terreurs irraisonnées du marin naviguant en pleine mer. Le train, lui, hante mes rêves. Il est image d'un passage, d'un long voyage dont on ne revient pas ou bien alors totalement transformé. Bien sûr la locomotive est à vapeur. 


L'ambivalence des symboles


Le dormeur pourrait tout aussi bien rêver de trains électriques et d'une pêche exceptionnelle. C'est l'ambivalence des symboles. Ma perception du train ne serait alors pas la même que la sienne. Elle provient de l’expérience répétée, jeune, de voyages vers Lustin pour loger chez mes grands-parents. Quand je venais de Knokke c’était facile : le train allait jusqu’à Dinant et à l’époque il ne fallait pas prendre de correspondance. Mais si je venais de Bruxelles c’était autre-chose. Il fallait descendre à Namur, le train continuait vers Arlon et le Luxembourg. C’était un train moderne et confortable, la motrice était électrique. La ligne Namur – Dinant – Givet n’était pas encore électrifiée en raison des tunnels, et donc il fallait changer de locomotive. Celle-ci était plus ancienne. C’était une énorme motrice diesel verte avec des lignes jaunes. Une fois lancée, son bruit sourd emplissait toute la vallée ! Il fallait quitter les quais protégés par des auvents, car le dernier quai était particulièrement long. Tout au bout nous attendait la motrice fumante, il fallait se dépêcher d’embarquer avant son départ. Les wagons étaient très vieux, il y avait des anciennes affiches touristiques des années cinquante, les sièges étaient en bois, par endroits il y avait encore des filets pour les valises ou des étagères à claire-voie en bois. 

Un jour je me suis trompé de correspondance. La motrice était identique à celle que je prenais d’habitude, le quai était tout aussi interminable, mais dans ma hâte je m’étais trompé de sens. Ce fut une vraie panique en moi : le train longeait la Sambre au lieu de la Meuse, et je me demandais où j’allais atterrir. 

À mon souvenir j’ai commencé à faire ce type de voyage vers mes quatorze ans. Mon père étant mort, il fallait se débrouiller tout seul comme un grand !


Un ailleurs dont on ne revient pas


Je suppose que mon rêve provient en partie de cette expérience. Au départ je me retrouve sur un quai à peine visible, écarté de tous les autres, montant dans un train jamais pris auparavant. Aussitôt embarqué le train se met en route, comme s'il m'avait attendu pour partir. Le paisible paysage de la vallée de la Meuse se transforme petit à petit. Je me rends compte que j'aborde un autre monde, merveilleux mais inconnu. Il est beaucoup plus beau et plus parfait, cela vaut la peine de tout abandonner pour cet ailleurs. Je ne suis plus qu'attente émerveillée de ce qui va advenir, je ne ressens aucune peur. 

Ce rêve n’a jamais cessé de me hanter, encore maintenant. Chaque fois je sais que j’ai quitté ce monde et ses repères, mais ce n’est pas grave, une nouvelle vie m’attend. Je suis sans regrets, en même temps très triste d’abandonner ceux que j’aime, et en même temps heureux de retrouver des êtres aimants quittés depuis trop longtemps dans d’autres vies. Il y a quelque-chose d’irrémédiable dans ce rêve, je ne reviendrai jamais en arrière, mais l’avenir vers lequel je me dirige est serein et lumineux…



Le dessin



Le dessin est plus ancien que mon illustration. Mon modèle avait dix-neuf ans, j'aimais beaucoup travailler avec lui. Il y avait tellement de spontanéité dans ses gestes... 

Le jour du dessin, on avait bien mangé après une matinée de travail. Il faisait très chaud et mon modèle s'est endormi pour une sieste. C'était l'occasion inespérée pour faire un dessin plus abouti du garçon...




La sieste, crayons de couleur sur fond d'aquarelle, © Eric Itschert





Commentaires

  1. mmm une merveille et ton rêve et ton aventure de train, vrai que c'est une aventure prendre le train et ça ce n'est pas un rêve du tout :(

    doux WE Eric bisous ☺ et fait de beaux rêves ☺

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    1. Merci chère nays, pour toi aussi! Ce samedi du soleil et des éclaircies durables, la lumière fait du bien! Bisous!

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  2. Une très belle illustration qui évoque bien des souvenirs dans mon passé!

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