352) La fontaine délaissée


"La fontaine délaissée", aquarelle sur papier coton Arches 300 g/m2,
41 cm x 31 cm, © Eric Itschert


Une aquarelle tirée d’une esquisse 




Lors d’un inventaire je suis tombé sur une petite esquisse, non répertoriée car trop insignifiante. L’envie m’est venue de m’en inspirer pour réaliser une nouvelle aquarelle, intitulée « La fontaine délaissée ». Malgré l’insignifiance de l’esquisse tout un processus s’était mis en marche. Il m’a fallu plusieurs jours pour finaliser l’aquarelle. 

L’esquisse de départ avait été réalisée en été, à l’ombre d’un bosquet, au pied du versant sud du mont Ventoux, pas loin de Bédoin. Cette précision est importante, car le climat et la végétation changent du tout au tout entre le versant sud et le versant nord de la montagne. Au pied du versant sud le climat est franchement méditerranéen, on y cultive la vigne, au nord il y fait un climat plus rude. L’esquisse est monogrammée et datée de 2009. Elle reproduit un bassin octogonal en pierre sombre. 

C’était une ancienne fontaine, je me suis souvent demandé ce qu’elle faisait là au milieu d’anciens pâturages. Elle était asséchée, et la sculpture qui devait se trouver à son sommet avait disparu. Derrière la fontaine il y avait une clôture inachevée. Ce lieu avait quelque-chose d’incomplet et c’était, croyais-je, ce qui le rendait si mystérieux. L’été était particulièrement chaud et sec, le sol était desséché et l’herbe jaunissait par manque d’eau. Les arbres perdaient déjà des feuilles. 

L’aquarelle ne rend pas du tout l’atmosphère de l’esquisse de départ. Ici on est dans un paysage de la Gaume en Belgique. Un dieu inconnu se tient au sommet d’une fontaine sacrée cachée sous les frondaisons d’un bosquet. Il est un peu inquiétant, soustrait aux regards par l’ombre. Fontaine et dieu sont sculptés dans du marbre blanc. Au sol il y a de la mousse, la terre est irriguée et fertile, la fontaine est remplie d’eau. Entre l’esquisse et l’aquarelle, que s’est-il passé pour opérer un tel changement ? 



Une saison retrouvée. 



Si ce lieu étrange m’a tellement impressionné malgré sa banalité apparente, c’est parce qu’il a éveillé en moi un très ancien souvenir d’enfance qui s’est interposé entre l’esquisse et l’aquarelle. Car c’est dans ce souvenir que résidait le vrai mystère, celui d’une saison et d’un lieu enfin retrouvés. Pourquoi « une saison » et pas un été, un printemps ou un automne ? Parce-que c’était un souvenir en Gaume, où en un seul été on pouvait vivre plusieurs saisons à la fois. Quant au lieu, c'est comme si un autre endroit se substituait au premier sans entièrement le remplacer. Tout est Un, tout est lié, il peut y avoir une similitude frappante entre deux expériences différentes. Peut-être est-ce finalement la même expérience vécue de manière quantique.

Pourtant je me méfie des souvenirs d’enfance, ils sont souvent peu objectifs. D’une réalité à moitié oubliée on tisse une nouvelle histoire en remplissant les lacunes. Je tenais souvent un journal lors de mes voyages (voir 'écrits' sur mon autre blog). Dans mon journal de 2009, à Bélézy, j'avais écrit une trame d'histoire à propos de ce coin ombragé. 

Alors suite à la peinture de l’aquarelle j’ai repris ces quelques notes, et en ai tissé une nouvelle. Si « La fontaine délaissée » est le titre de cette aquarelle, il est aussi devenu celui d’une nouvelle





Commentaires

  1. hello Eric
    elle n'est pas délaissée du tout avec le beau jeune homme qui est apparu
    ah les souvenirs d'enfance ils sont imprégnés en nous comme tu dis sont ils vraiment réels et justes mais peu importe ☺
    bisous et bonne soirée ☺

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    1. C'est étrange, en vieillissant des tas de souvenirs oubliés reviennent avec une acuité particulière. Comme un film noir et blanc recolorisé! :D Gros bisous chère nays, bonne semaine!

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