354) Devant le miroir biseauté

Note rédigée le 18 janvier 2021


‘Devant le miroir biseauté’, 48,8 cm x 34,2 cm,
 aquarelle, crayons de couleurs, pastel et encre blanche sur papier Steinbach,
 © Eric Itschert. 




Maintenir un travail journalier malgré la crise 


Covid 19, précautions et confinement obligent, j’ai dû temporairement interrompre mon travail sur les piscines. Bien sûr j'ai réuni une large documentation en esquisses et en photos. Mais pour réaliser ces œuvres j'aime m’imprégner des lieux en nageant moi-même, en observant mes mouvements et ceux des autres nageurs. Or c’est impossible pour le moment. Il m’est tout aussi impossible de travailler en atelier avec des modèles vivants. Du coup j'en ai profité pour faire un petit inventaire-découverte de mes trésors anciens.  Je puise donc mon inspiration actuelle dans d’anciennes esquisses pour en faire des œuvres nouvelles. Nus, natures mortes, paysages, tout est bon pour maintenir un travail journalier malgré la crise. 



Un modèle en train de se déshabiller 


J’ai retrouvé, dans une de mes grandes fardes, une ébauche d’un de mes modèles en train de se déshabiller. Un véritable trésor! Réalisée au crayon graphite, elle était très élaborée. Le trait était peu appuyé, à peine visible, pourtant l'ébauche contenait un grand nombre d’informations. C’était bien plus qu’une simple esquisse. Elle était complétée par des photos, mais l'avantage de cette ébauche était sa très grande taille.

J’aimais ce modèle, comme la plupart de mes modèles ce n’était pas un professionnel. Il avait cette spontanéité et cette fraîcheur que peu de gens ont d’habitude dans les académies. En général je prévoyais un espace où le modèle pouvait se changer, suivant la règle des académies. Ensuite il y avait le cérémonial du peignoir : le modèle arrivait en peignoir et l’enlevait en dernière minute. La plupart de mes modèles trouvaient l'idée du peignoir assez désuète: on était dans ma maison, et il y faisait bien chaud. Beaucoup de garçons ne trouvaient même pas nécessaire de se déshabiller  dans un coin à part. Ici le garçon se déshabilla devant moi sans aucune autre forme de procès, son geste était spontané. C’était une des première fois qu’il posait. J’ai rarement vu un modèle aussi motivé. Je pouvais lui téléphoner dès que j'avais besoin de lui, il habitait ma ville. 

J’ai voulu capter ce moment sur un grand papier Steinbach poinçonné au tampon sec. Je l’avais punaisé sur un chevalet. Puis le ‘raccourci’ dans le dessin ne m’enthousiasma plus à cause de sa complexité, et je l’oubliai. De loin on ne voyait pas tout le travail déjà réalisé, seulement de vagues contours et cela expliqua peut-être aussi pourquoi j'ai délaissé cette œuvre. Aujourd’hui en redécouvrant l’ébauche une foule de souvenirs est revenue. Ce garçon était particulièrement fin et gracieux. Nos discussions après le travail étaient sans limites. Comme avec d'autres modèles on allait souvent nager ensemble. On avait beaucoup d'admiration l'un pour l'autre.



Des dimensions inusitées. 


J’ai donc repris l’ébauche pour en faire une aquarelle achevée. Il y avait déjà eu beaucoup de travail, c'était vraiment dommage de l'avoir abandonné. Mais le papier étant fort grand, j’ai dû le retendre. Du coup j'en ai profité pour le recouper à la fin, éliminant les trous de punaises mais aussi le tampon sec. Je préfère parfois des dimensions inusitées à celles qui nous sont imposées: comme en photo on doit pouvoir recadrer une aquarelle comme bon nous semble. Tant pis pour les formats standardisés.



Commentaires

  1. voilà et des souvenirs ont resurgi ☺ comme le beau jeune homme


    doux dimanche Eric bisous ☺

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  2. Trop mignon ce garçon! J'adore. Bisous!

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