356) Analyse d'ombres

 

Esquisse fragmentée, © Eric Itschert


Esquisse fragmentée



Le démarrage de cette esquisse a été réalisé au même moment que celle montrée au numéro 342 (fille posant nue). La pose est identique. (J'ai juste changé la couleur des cheveux de la fille).

Mais ensuite j’ai fragmenté le volume de notre modèle en facettes, pour montrer à un élève comment poser les lumières et les ombres. Une des approches en dessin pour aborder un volume complexe est de le construire avec des « ficelles » ou des traits reliées les unes aux autres. C’est la méthode la plus facile pour les débutants : la fragmentation.

Dans les années septante, tant dans certaines écoles d'art que dans l'architecture, on passait de longues heures à apprendre la Géométrie Descriptive. À la fin de nos études elle n'avait plus aucun secret pour nous. Il est normal qu'une des façons d'aborder un dessin soit analytique, descriptif. Le propre de l'analyse est de déconstruire, démonter, pour voir comment une chose fonctionne. 



Construction d'ombres de volumes simples selon une méthode descriptive.
Le traité dont est tiré cette planche date de 1928.
À l'époque on parlait de solides plutôt que de volumes.
(Grammaire du dessin d'Henry Balth) 





L’approche globale



À l’Institut supérieur d’Architecture de Saint-Luc, on a eu la chance d’avoir d’excellents professeurs de dessin. La prof la plus légendaire était Madame Elisabeth Barmarin (1915-2010). Au cours de modèles nus elle nous apprit une autre méthode, qui commençait par une approche globale des volumes. C’était très exigeant. Elle travaillait essentiellement avec des courbes et des cercles, puis les cercles devenaient de plus en plus précis, cernant les volumes au plus près. Finalement il en ressortait un dessin d’une justesse étonnante, encore que flou et évanescent dans son rendu. Ses dessins étaient fascinants. Ils donnaient une impression d’infini et de mouvement sans fin. Un peu comme celui que les Chrétiens attribuaient aux anges. Ils étaient justes et pourtant impossibles à cerner. Elisabeth Barmarin était un maître, nous avions tous de l’admiration pour elle. Je préférais nettement ses œuvres graphiques à ses sculptures : une fois qu’on travaille la pesanteur de la matière on perd souvent ce côté aérien, presque mystique.

Je n’ai pas retrouvé de dessins d’elle sur Internet, mais pour donner une idée approximative de sa méthode on peut la comparer à celle utilisée par l’artiste Paul Olivier pour un magnifique dessin de visage bleu.



Ceci n’est pas un Picasso



Lorsque j’eus terminé ma démonstration des spectateurs s’étaient attroupés autour de nous. L’un d’eux rit et dit : « on dirait un Picasso ».

D’abord je trouvai sa remarque saugrenue, mais ensuite je me dis qu’elle était logique : Picasso était un maître de la fragmentation et de la déconstruction. Pour qui ne connaît pas vraiment son œuvre, il pouvait y avoir une certaine ressemblance, en courant vite…

Commentaires

  1. hello Eric
    un mot BRAVO ! mes yeux sont ravis

    passe un bon dimanche bisous ☺

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    1. Coucou chère nays,

      Merci! Comme tu vois, un petit Picasso vite fait bien fait ne ferait pas de problèmes pour moi :D

      On se demande comment cet homme, qui se levait si tard, a pu produire tant d'œuvres! On assiste à ces miracles permanents où, lorsqu'un peintre célèbre meurt, on retrouve soudain pléthore d'œuvres de lui. Dans un garage, dans un grenier, dans une cave, emmuré dans une église, dans un clocher, dans une gare désaffectée (en Belgique alors, on est spécialistes), dans un poulailler, en consigne à la poste...

      Le nombre des Modigliani retrouvés explose. Cet artiste a eu sa première exposition à 23 ans et est mort à 35 ans, il s'est abîmé dans l'alcool et la drogue. Il a détruit bon nombre de ses œuvres. Et pourtant en 12 ans de sculpture et de peinture, on retrouve de lui bien plus d'œuvres qu'il n'aurait pu produire même en travaillant 24 heures sur 24. Sans vouloir blasphémer, la multiplication des petits pains fait pâle figure à côté de ce phénomène :D Les petits pains disparaissent dans le tube digestif, les tableaux restent un temps plus long.

      Vous prendrez bien un petit Modigliani avec votre thé et votre biscuit, ma chère Alice?

      Non, je rigole. Le chapelier fou a encore frappé!

      Bisous, que ton dimanche soit ensoleillé!

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