120) Les délices de l'abstraction

Archives, 25 janvier 2010

Abstrait bleu 480, © Eric Itschert

La peinture abstraite exige peu de connaissances

Rien n'est plus accessible que l'abstraction. La peinture abstraite exige peu ou pas de connaissances. Et elle repose celui qui regarde. Le spectateur peut se laisser glisser dans le rêve, c'est comme regarder des nuages. (lire sur le même sujet "Projets à partir de taches")

Elle est devenue une étape obligée dans l'histoire de l'art officielle. Il y a une vingtaine d'années on ne pouvait plus lire deux articles sur l'art dit contemporain sans tomber sur le poncif « l'artiste s'est libéré de... ». L'artiste se libérait de la figuration, de la forme, de la couleur, de la peinture, de la surface... et même du travail ! Ensuite est venu le non-art conceptuel (1), c'est la suite logique de l’abstraction. C'est si tendance, si cool que de faire travailler des petits esclaves pour soi, fut-ce pour mettre en œuvre des concepts. On est dans la droite ligne du néo-libéralisme, où c'est le logo qui compte et non le 'produit'. 

Pour moi, ni la difficulté technique ni la figuration ne sont un esclavage. Je n'en éprouve donc pas le besoin de m'en 'libérer' comme disent si pompeusement les critiques d'art endoctrinés. C'est à partir du moment où vous supprimez les difficultés que vous entrez dans la stérilité. Imaginez-vous offrant un concept de fleur à votre femme au lieu de vraies fleurs... Et je préfère me nourrir d'un délicieux repas, plutôt que de la lecture d'une recette de cuisine ou de concepts de nourriture... 

L’abstraction, source de créativité 

Rien n'est plus accessible que l'abstraction, pourtant elle est une magnifique source de créativité. Elle ouvre un nombre infini de nouvelles voies. J'ai réalisé quantité d'œuvres abstraites à partir de mes humanités. J'ai exploré ce domaine avec curiosité, en exploitant toutes sortes de matériaux et de techniques nouvelles, les unes plus construites et les autres plus aléatoires. Adolescent j'ai expérimenté la technique du dripping (‘inventée’ par Pollock) dans mon jardin, et j'ai trafiqué un petit moteur afin de faire tournoyer très vite des cartons et d'y projeter de belles laques... 

Le point commun de mes premiers travaux abstraits était la palette de nuances de la couleur bleue qui déjà me fascinait. Il est possible d'être très créatif et ces travaux m'ont beaucoup amusé. Cela n'empêche, je trouve que l'art abstrait reste un art mineur, aussi grands que soient les formats. Sa raison d'exister est d'être décorative... 

De nouveaux noms pour des abstraits 

Abstrait bleu 006, © Eric Itschert 

Abstrait rouge 081, © Eric Itschert 

Abstrait vert 003, © Eric Itschert 

Abstrait jaune 101, © Eric Itschert 

Abstrait 514, © Eric Itschert 

Un jour par jeu j'ai donné un autre nom à certains de mes abstraits plus récents. Ces noms renvoyaient à la figuration: pour les abstraits présentés ici cela donne de haut en bas: 'fleur bleue', 'velours couché rouge', 'fleur vénéneuse', 'monochrome jaune assassiné par une pierre pi et sa comparse le segment de droite noir', et enfin 'combat inégal entre le bleu et le jaune deux à un'. Évidemment c'est par ironie envers les producteurs de ce genre de titres que j'ai réalisé ce jeu. (2)


(1) C'est eux qui qualifient leur production de "non-art".

(2) Aujourd'hui ( 25 avril 2018 ) je puis constater que les photos montrées ci-dessus sont de mauvaise qualité, elles ont très mal vieilli. Depuis lors les progrès de la photo numérique ont été considérables... D'où la photo complémentaire en tête de cette page: 'Abstrait bleu 480', qui date de cette année. 

page précédente - 2 - page suivante