314) Amour & Paix

Affiche pour "Histoires de faunes", © Eric Itschert

Modifié le 25 avril 2020

Le style 'années hippies'

Au début du troisième livre des "Histoires de faunes", Circé et Lorenzo se retrouvent dans un paradis perdu au milieu de la mer Ionienne. C'est l'île d'Hélios, elle n'est renseignée sur presque aucune carte. Cette île est le refuge des derniers hippies d'Europe. Petit à petit le couple découvrira aussi la face sombre de l'île et le talon d’Achille des enfants fleurs.

Le style 'années hippies' peut d'abord être recréé à partir d'affiches, c'est l'approche la plus facile. J'aurais aussi pu utiliser des photos de l'époque, mais alors je me heurterais au problème du copyright. Une dernière solution subsiste, retrouver de vieilles photos à l'époque où je vivais mes étés dans une communauté en Lozère. Mais ici je me heurte à la très mauvaise qualité des photos, à leur rareté, et à notre habillement de travail très loin des vêtements fleuris qu'on trouvait d'habitude...

Des photos de nous nous ébattant nus dans une rivière (on était plusieurs dans le groupe à descendre à la rivière au bas de la montagne) ne pourraient plus être montrées de nos jours, ces derniers devenus si étrangers et imperméables à l'esprit de liberté hippie. Pourtant rien ne vaut le confinement pour faire des recherches archéologiques dans mes archives, c'est donc à suivre... au moins dans mon histoire.

En finir avec Mai 1968?

Les néolibéraux voudraient bien éradiquer jusqu'à la mémoire des hippies. Ainsi Nicolas Sarkozy, président de la République française à l'époque de sa nouvelle campagne, déclarait: "En finir avec l'héritage de Mai 1968, c'est peut-être le seul véritable choix de société que nous ayons à faire tant les valeurs, les principes de 68 ont imprégné la société, les manières de penser, les comportements. Il faut désormais tourner la page et liquider cet héritage."

Bien sûr une telle déclaration m'a révolté, les nouvelles générations n'imaginent pas tout ce qu'elles doivent aux pionniers de l'époque, et tout d'abord leur liberté sexuelle. Dans la suite d'un mouvement commencé plus tôt hors Europe, les années hippies et '68 furent l'élan d'une jeunesse qui ne supportait plus le carcan d'une société cadenassée dans le confort matériel de l'après-guerre, les guerres post-coloniales et la morale étriquée hypocrite. Bien plus qu'un élan, cela a été un souffle de liberté et de prise de parole qui déstabilisa un instant l'horreur capitaliste. Et même si tout est ensuite apparemment rentré 'dans l'ordre', plus rien ne serait comme avant.

Un nouveau bouleversement

J'avais déjà parlé des enfants fleurs, pourtant notre époque de pandémie et de confinement est particulièrement propice pour se repencher sur la question. Au moment où le néolibéralisme a montré qu'il n'était pas réformable, où pourtant nos politiciens surpayés (1), incompétents et menteurs ne visent qu'à retourner à la "normalité", beaucoup de citoyens pensent qu'il ne faut surtout pas retourner à la "normale"! Justement c'est tout le fonctionnement de notre société qu'il faut revoir.

Car d'autres défis encore plus graves nous attendent, le problème du nucléaire, celui du réchauffement climatique et de l'épuisement des ressources naturelles. En raison des économies réalisées dans les secteurs les plus essentiels de notre société, éducation, santé, justice, culture, nous voilà tous emprisonnés pendant des semaines si pas des mois pour ne pas surcharger un système de santé à bout de souffle. Ces économies jamais suffisantes sont faites en faveur de spéculateurs, de paradis fiscaux, de techniques pour éluder l'impôt, de dettes abyssales saignant les États, bref de parasites criminels servant une économie fictive et arbitraire taillée à la mesure de leur ὕϐρις (hubris), de leur soif de puissance et de leur rapacité sans fin.

Alors non, il ne faut surtout pas en finir avec Mai '68...



(1) Surpayés en raison de leur incompétence et de leur manque d'intelligence, tout étant relatif, "en relation avec-" ! Prenons par exemple le Président de la plus grande Puissance mondiale, qui se demande si on ne pourrait pas injecter directement du désinfectant dans les poumons des malades du Coronavirus... Cela situe son degré d'intelligence, et pourtant c'est lui qui a un des boutons nucléaires...