388) Les NFT, une pagaille de faux.

 

Garçon androgyne, illustration numérique, © Eric Itschert.


Si je n’ai pas voulu entrer dans le jeu des NFT, c’est pour plusieurs raisons. Parmi elles une raison éthique et une raison écologique. C’est le jeu de la poignée des riches qui gagnent toujours car ils dominent et contrôlent le marché, et des hordes moutonnesques de pauvres et moins pauvres qui perdent toujours. Ces riches, "les initiés", ont le culot de dire aux autres qui ne veulent pas entrer dans leur jeu: "restez pauvres si vous le voulez, nous on se fait de l'argent facile". Alors que c'est justement en entrant dans ce jeu que les autres s'appauvrissent et perdent à coup sûr. Comme il n'existe aucun contrôle sur ce marché, rien n'empêche le délit d'initié d'exister. Rien de neuf sous le soleil, sinon les techniques clinquantes toutes neuves. Tout ce qui brille n'est pas or. Avec, en prime, de solides arnaques et la spoliation d’œuvres d’artistes. Observons cela de plus près.


Promesse alléchante sur un stand de Antica Brussels 2023



1. Les NFT et le vol d’œuvres d’artistes.


Ce qui est vendu est souvent très douteux, et ceci pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, parce qu’une grande partie des œuvres sont volées. Cela avait notamment fait scandale sur Opensea, où 80 % des œuvres avaient été volées. Au point de vue du respect de la propriété intellectuelle, on a vu mieux.

Un ami m'a raconté qu'il avait vu une partie de mon travail certifié en NFT. Je me demandais s'il plaisantait, je n'ai jamais mis d’œuvres sur ce marché.

Donc si demain Tartempion fait un NFT avec les œuvres de mettons Peter Greenaway, l’acheteur aura bien des blocs dans la chaîne lui garantissant qu’il a effectivement acheté ces NFT… que Tartempion n’avait pas le droit de lui vendre.


2. La multiplication des petits pains.


N'importe qui peut voler n'importe quelle œuvre d'art et la revendre plusieurs fois en NFT « unique » sur différentes plateformes.


Cela se corse encore si Tartempion aura eu la bonne idée de vendre dix fois la même œuvre certifiée « unique ».

Car un NFT a beau être « unique », la même œuvre peut être créé en dix NFT sur dix plateformes différentes et être dix fois certifiée « unique ». Laquelle est la « vraie » ? Et si elles ont des valeurs différentes, pourquoi ? Qu’est-ce qui fait leur unicité ?

Aucune plateforme de vente en ligne ne met à disposition de ses usagers les outils pour vérifier la propriété initiale de l’œuvre, l’identité du certificateur, l’unicité de l’œuvre, et d’ailleurs personne ne se donne la peine de vérifier tout cela avant d’acheter.

Dans toutes ces situations, bon courage à l’acheteur grugé pour se retourner contre qui que ce soit : les blockchains étant décentralisées, aucune autorité ne peut intervenir sur le contenu et faire valoir ses droits. C’est la rançon de la liberté du « Web 3.0 » !

En résumé, actuellement n'importe qui peut voler n'importe quelle œuvre d'art et la revendre plusieurs fois en NFT « unique » sur différentes plateformes.
 

3. Pléthore d’autres arnaques.


Il y a pléthore d’autres arnaques, il suffit de taper « NFT arnaques » sur un moteur de recherche pour découvrir l’inventivité sans bornes des truands de tous poils. Chaque jour connait sa nouvelle arnaque. Et les pyramides de Ponzi ont encore de beaux jours devant elles.


4. Tentatives de correction du marché.


Bien sûr depuis le crash de la côte d'un bon nombre de NFT, les acteurs les plus sérieux du marché essayent de pallier au vide juridique abyssal dans le secteur: ils vont rechercher les vrais auteurs des œuvres, les font certifier par l'auteur en présence d'un huissier de justice, et que sais je encore. Cela fait inutilement mousser le prix de simples images ou de petits animés. Du pixel hors de prix? C'est parfois dû aux interventions coûteuse et à la multiplication des intermédiaires. Pour les œuvres numériques qui n'ont pas été fixées sur support matériel c'est peut-être utile, mais à partir du moment où le NFT a besoin d'un certificat établi par l'artiste en présence d'un huissier on peut tout aussi bien se passer du NFT, ce bidule énergivore est inutile. En plus je ne crois absolument pas aux œuvres présentées uniquement sur écran, rien n'égale une œuvre matérielle et les écrans géants sont un non-sens total en ce qui concerne le réchauffement climatique.

Pour les œuvres matérielles, rien ne vaut un bon dossier (matériel) les accompagnant. Cela fait au moins une cinquantaine d'années que les collectionneurs avisés font une photo, où on retrouve le collectionneur et l'artiste posant ensemble devant l'œuvre achetée… C'est un complément utile et simplissime au certificat d'authenticité.



 
Garçon androgyne, détail, peinture à l'huile sur carton préparé,
 © Eric Itschert.



Bibliographie en fin de l'article 389)

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