395) L’édition d’œuvres numériques.


Deux versions d' "Andrea en Icare", © Eric Itschert

"L'œuvre [numérique] peut imiter à la perfection un dessin, une peinture ou une sculpture, cela reste une photo [...]. Aucun crayon, aucune peinture n'est intervenu dans le processus de création. On fait comme si on peint, comme si on dessine…"


(Modifié le 02-08-2024)

À combien d’exemplaires éditer cette photo ou cette illustration numérique ? Voici une question que je me suis souvent posée avant de numéroter mes exemplaires.


1. Œuvres physiques.


Les œuvres physiques réalisées avec des moyens matériels sur support matériel (crayon, peinture, papier, toile, bois…) sont des œuvres uniques, la question du nombre d’exemplaires ne se pose pas. Mais la question se pose dès lors qu’une œuvre est numérique.


2. Œuvres numériques.


Les œuvres numériques peuvent se multiplier à l’infini. Comme on a vu précédemment, qu’elles soient « certifiées uniques » par un NFT ou non ne change absolument rien à l’affaire. Dans l’état actuel des choses, le NFT est une gigantesque farce.

2.1. Mes œuvres numériques nécessitent la photographie, l'IA ou le scan.


À un moment ou un autre, mes œuvres numériques sont tributaires de la photo, de l'IA ou du scan. Je considère donc que mon travail numérique relève dans son entièreté de l'image, c'est bon de le rappeler. Qui dit image dit autre public, autres collectionneurs.

Une photo ou une illustration numérique peut être vendue à des prix beaucoup plus abordables.

2.2. Qui dit photo dit impression.


Autant auparavant j’ai vendu des photos analogiques à des prix très appréciables, autant actuellement tout ce qui est travail numérique non utilitaire se vend moins bien, seul la signature et le certificat d’authenticité sauvent l’affaire. Est utilitaire tout ce qui est illustration d’un texte ou d’un jeu, dans le sens large du terme. Cela va du livre au jeu en passant par du décor de scène. Cela peut être du dessin, de la peinture ou de la photo.

Mes photos analogiques étaient vendues imprimées sur du papier argentique, et numérotées. Depuis lors ces papiers sont introuvables, ce qui fait la rareté de ces photos. Par contre maintenant, malgré le choix varié des supports, les techniques d’impression sont très standardisées.

2.3. Le serpent qui se mord la queue.


Pourquoi payer une photo ou une illustration qu’on peut copier gratuitement sur Internet ? Et tout d’abord pourquoi l’œuvre se retrouve sur Internet ? Après tout l’artiste n’avait qu’à ne pas la publier ? Tout simplement l’artiste publie parce qu’il doit se faire connaître. Le temps est fini où on pouvait faire des vernissages pour un public sélect et fermé. Ce n’est pas plus mal, cela va avec une certaine démocratisation de l’art. Cela ne me gêne pas qu’une personne copie une de mes œuvres pour l’exposer dans son salon. Mais Internet est un couteau à double tranchant, c’est le serpent qui se mord la queue. Une œuvre connue est celle qui a été copiée de manière virale. Rien ne peut empêcher la copie, en dernier recours les captures d’écran sont là pour cela. Ce que je n’accepte pas par contre, c’est qu’on se serve de mes œuvres pour en tirer profit alors que moi-même je ne gagne rien. Moi aussi je dois vivre. La seule réponse que l’artiste peut trouver au copiage de ses œuvres est de faire des impressions de qualité, à haute résolution et à grand format, signées et numérotées (1).




Portraits d'Andrea, triptyques, photos tramées, © Eric Itschert
Ici les trois variantes sont visibles sur Internet.


3. Les cyanotypes, un cas à part.


Si mes galeristes n’ont jamais pris, même en dépôt, d’œuvres réalisées numériquement (2), ils s’intéressent par contre beaucoup à mes cyanotypes. Le cyanotype est réalisé soit à partir d’un négatif, soit à partir d’empreintes ou de projections d’ombres. Il est impossible de réaliser deux cyanotypes identiques, même si on part d’un seul et unique négatif. L’impression d’un cyanotype, totalement manuelle, nécessite des étapes de travail et du temps. Elle donne lieu à des « accidents », et c’est ce qui fait son charme (3).

Mes cyanotypes sont édités entre cinq et quinze exemplaires, selon. Ils sont numérotés et signés.





(1) L'impression des images est numérotée, entre 15, 9 et 3 exemplaires selon le support et le format, et signée ou marquée.

(2) À l'exception d'affiches pour Allen Fine Art

(3) On retrouve ce charme dans les photos polaroïds. Elles sont uniques et non reproductibles.





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