409) Image hybride

 

Portrait devant une fresque,
 image numérique hybride, © Eric Itschert.

(Suite de l'article 407)


Jeune homme devant une fresque.


1. Une série de portraits.


1.1. Premier fil conducteur.


Je prépare une série de portraits, reliés par un fil rouge, par une histoire. L’histoire est articulée autour de descendants de familles nobles du nord de l’Italie. Ce premier fil conducteur reliant mes portraits provient d’un rêve récurrent fait il y a quelques années, lors d'un séjour en Italie. J’y fais la rencontre d’un personnage très mystérieux. Il y a des choses que je devine, et je sais qu’il sait que j’ai sais. Entre gens bien éduqués on évite les bavardages inutiles qui pourraient arriver aux oreilles d’autrui. Les espions ne sont jamais loin. Il a acquis l’immortalité, et vient en droite ligne de la Renaissance. Est-ce un vampire ? En tout cas pas du genre à craindre la lumière du jour, les crucifix, les miroirs ou les gousses d’ail. Il est très convenable, il ne mord pas les gens non plus. Tantôt le jeune homme est chaleureux et vivant, tantôt, la nuit, il acquiert des caractéristiques plutôt sinistres. Est-ce qu’il vient d’un autre espace-temps ? Il y a des glissements imperceptibles dans son apparence. Un peu comme si on se retrouvait dans des variantes d’une image générée par intelligence artificielle. (1)

Il a une mission à accomplir, c’est pour cette raison qu’il est là. Ce n’est pas par caprice ou intérêt personnel qu’il semble immortel. Il me tient des discours assez étranges. Il glose pendant une soirée entière sur une comparaison troublante entre le gouvernement de la Sérénissime, et celui, invisible, institué insidieusement par les nouvelles oligarchies, les GAFAM. Dans les deux cas il s’agit de thalassocraties indéboulonnables, et de soif de pouvoir. (2)

Pourtant le gouvernement de la Sérénissime n’existe plus, Napoléon est passé par là. Et le pouvoir des GAFAM possède de ces fragilités qui pourraient tout autant le détruire. Et tout d’abord la faille de San Andreas. Ou encore l’épuisement des ressources de la Terre. Aucun pouvoir n’est immortel. Tout peut disparaître, à tout moment. Malheur à celui qui est pris par l'hubris, sa chute sera d'autant plus grande.

1.2. Deuxième fil conducteur.


Les portraits peuvent aussi être inspirés par les personnages d’une de mes histoires, « Histoires de faunes ». Dans ce cas je voudrais y ajouter le portrait des magiciennes Morgane et Circé. Sauf que je n’ai pas encore décidé de quelle apparence elles auraient.

2. Une image recomposée comme un puzzle.


2.1. Une première image.



Portrait d'un jeune homme, image Eric Itschert & NightCafé (IA).


Ma première image est le résultat d’exercices répétés avec l’intelligence artificielle NightCafé. Le prompt est important, et il faut l’affiner en cours de recherche. On peut coupler un prompt et une image, pour encore améliorer le résultat. Le résultat publié ici est un choix parmi plusieurs dizaines d’images. Il est obtenu après quelques heures de travail. Je ne prends plus mon travail avec l’intelligence artificielle générative comme un jeu, mais comme un levier créatif très puissant pour réaliser des nouvelles images numériques.

J’aime beaucoup cette image, mais la fresque en arrière-fond du portrait est un peu décevante. Alors le travail se complexifie encore, je recrée l’arrière-fond.


2.2. Composition d’une fresque



Éros et Psyché, composition d'une fresque, © Eric Itschert.


J’imagine une fresque intemporelle en arrière-fond. Je ne puis utiliser l’IA, trop conditionnée par le transhumanisme puritano-californien. Mes photos de fresques à Florence ne sont pas adaptées à l’usage que je veux en faire (éclairage). Alors je décide de reconstituer une fresque « maison » à partir d’éléments disparates : photos d’arbres, de nuages, de papillons, de fleurs, de tableaux retravaillés, de pierres, d’ailes, etc…etc…

C’est un vrai puzzle ! J’assemble le tout, et cela donne l’image finale après l’application de quelques filtres. Qui dit que l’intelligence artificielle générative rend les artistes paresseux ?


3. Le thème de la fresque.

La fresque est articulée autour du mythe de Psyché et Éros. Les papillons représentent les âmes.

 

 

 

(1) C’est un argument pour faire intervenir les intelligences artificielles lors de la création de certains de mes portraits. Cela sera une confrontation avec des portraits traditionnels.

(2) Thalassocraties, me dites-vous ? Oui, thalassocraties, car l’univers numérique est comme un vaste océan qui recouvre la terre entière. Non, Internet n’est pas comme un nuage évaporé, c’est lourd et dangereux comme de l’eau salée. Le numérique ne produit pas de terre ferme, seulement des mers et des marécages. Tout bon Vénitien est familier de ce genre d’univers. En une seule nuit de tempête on peut perdre trois navires bourrés d’or, d’épices et de soieries précieuses.

On peut faire d’autres rapprochements. À Venise on perd sa réputation sur une unique dénonciation anonyme. Un quidam jaloux de votre prospérité dépose un billet dans « la bocca della vérita » et c’en est fini de votre vie sociale. Sur Internet, la malveillance d’une seule personne peut détruire votre vie, car ensuite vous êtes poursuivi par des chasseurs de sorcières. Une chose peut parfois encore  vous sauver : vos origines et votre fortune. Si vous n’avez rien de tout cela vous êtes perdus, vous êtes présumés coupables. La vie n’est pas un long fleuve tranquille…




(À suivre…)


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