428) Image versus photo
"Jeune homme ailé V", image hybride autocensurée. © Eric Itschert. |
La confusion entre réalité et fiction
La censure omniprésente
Jamais on n’aura autant été soumis à la censure. La censure, c’est un tout petit groupe de personnes qui décide de ce qui est bon ou non pour les autres. Cela valait bien la peine de se débarrasser de la censure mortifère des anciennes religions pour tomber sur pire. Certains aimeraient bien faire la police jusque dans l’imaginaire des gens. Ils voudraient en prendre le contrôle. Or l’image, le mot le dit, est de l’ordre de l’imaginaire.
Réel ou virtuel ?
Voilà bien le problème : une confusion grandissante entre la réalité et le virtuel. Les GAFAM nous incitent à cette confusion, par une inflation d’oxymores. On nous parle de « réalité virtuelle », de « réalité augmentée » alors que dans tous les cas ce qui est virtuel n’est pas réel.
Dans la réalité, mais aussi dans la photographie, il est normal et souhaitable de s’astreindre à une éthique, on ne peut faire ce que l’on veut. Il est bien connu que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres. La photo - du moins si elle n’a pas été retouchée - implique la réalité, implique la ou les personnes qui ont été photographiées.
C’est la confusion entre le réel et l’imaginaire qu’il faut combattre, et non l’imaginaire
Les images obtenues par l’intelligence artificielle ne sont pas des photos. Elles n’ont aucun lien avec la réalité même si elles l’imitent particulièrement bien. Le mot imiter vient aussi du mot image, « imago » en latin. À partir de ce moment-là il faut classer les images dans le domaine de l’imaginaire, tout comme un dessin, une peinture ou une sculpture. Et ce sont les règles de l’imaginaire qui doivent être de mise, aucune censure ne devrait s’en mêler.
Ou alors il faudrait aussi censurer toute fiction où il y a de la violence ou des meurtres. Sous le prétexte que cela pourrait inciter les gens à tuer. Et du coup on n’aurait plus aucune fiction sauf des banalités confondantes.
Or cette confusion grandissante entre réel et virtuel est très alarmante. Elle pourrait inciter les gens les plus fragiles à passer à l’acte dans le monde réel. C’est la confusion qu’il faut combattre, et non l’imaginaire ! Nous infantiliser, c’est bien cela ce que les censeurs veulent faire. Ils voudraient détruire notre imaginaire, c’est le rêve de certains transhumanistes. Pour eux, le corps biologique est un scandale, il ne faut pas le montrer. Il ne faudrait même plus en parler!
Ce n’est qu’en retrouvant le chemin de notre corps, de sa représentation et de notre imaginaire que nous pourrons nous libérer de leur emprise.
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