267) Photo tramée censurée


Poser directement des questions au spectateur...



Dans mon billet précédent je parlais de questionnement à propos de ma série de photos tramées. Dans ces photos mes personnages et mes modèles peuvent se permettre de poser directement des questions au spectateur, grâce aux bulles de bande dessinée. Les questions concernent souvent le statut de la représentation et de l'image. Elles se posent aussi par rapport à la censure.




Éviter la censure



J'ai souvent dû louvoyer afin d'essayer d'éviter la censure. Je pratique ma propre auto-censure. Pourtant malgré toutes ces précautions je me suis parfois heurté à une censure plus ou moins insidieuse, essentiellement sur Facebook. Mon travail a aussi suscité des réactions très violentes au sein de ma propre famille. Depuis la fin de l'Antiquité tardive la représentation de l'homme nu et plus particulièrement du pénis n'était plus la bienvenue. Si au Moyen Âge on passait outre, c'était sous une forme grotesque et dénigrante tant dans les enluminures qu'à travers les gargouilles. À partir de la Renaissance la représentation du sujet redevenait possible, mais uniquement si le sexe était réduit à la taille de celui d'un enfant.  On reprenait les critères de beauté de l'Antiquité grecque. Depuis lors ce sujet est soumis aux vicissitudes ô combien changeantes et arbitraires de la censure. 

J'ai toujours trouvé injuste qu'on puisse représenter des femmes nues mais non des hommes. J'ai donc voulu rétablir l'équilibre. Pourtant maintenant encore, après avoir été sur la lune et avoir projeté des voyages sur la planète Mars, une grande partie de la population dite 'civilisée' est terrorisée par la représentation de l'homme nu. Tous les prétextes sont bons, depuis la 'protection de l'enfance' jusqu'au poncif que le sujet est trop laid pour être traité. Lors de ma première exposition à ma galerie d'Anvers en 1997, on avait mis mon travail à l'étage. En effet, la galerie sortait de quelques ennuis fâcheux. Pendant des années elle avait régulièrement exposé des nus féminins en vitrine sans susciter aucun problème. L'année où elle exposa des nus masculins, très sages au demeurant, elle eut droit le jour même du vernissage à une descente de police suite à une plainte. Elle eut tout juste une heure pour modifier le contenu de sa vitrine, heureusement la plainte fut ensuite retirée. 

Sur Facebook j'ai été tellement souvent censuré que j'ai fini par fermer ma page d'artiste. Ma galerie actuelle est aussi très sélective dans le choix des travaux qu'elle accepte de montrer. Mes autres travaux dorment en attendant des jours meilleurs...

Ci-bas je montre une photo tramée et à cette occasion censurée pour pouvoir l'exposer sur Internet. Les personnages posent des questions sur la peur de l'image... Cette photo fut en partie réalisée grâce à du 'matériel volé', contrairement aux photo tramées précédentes. Je voulais non seulement intégrer du matériel publicitaire à ma propre photo, mais aussi travailler sur le caractère très androgyne de mes personnages. Il fallait qu'ils aient des visages d'ange androgyne, mais qu'en même temps l'un d'eux soit particulièrement bien doté, d'où la censure...



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"On est sages comme des images...", série de photos tramées, © Eric Itschert.
La photo a été censurée pour pouvoir la montrer sur Internet.



Pour rendre mes personnages suffisamment androgynes j'ai retravaillé les photos une fois composées. Ce n'est qu'après que j'ai tramé le résultat...









Photos tramées:  page précédente - 3 -

Commentaires

  1. hello Eric
    c'est assez incroyable cette histoire de censure, certaines parties du corps ne peuvent être montrées mais qui a décidé ça ?(les religions sans doute certaines....) pourquoi une main un pied etc..mais pas un homme nu mais bien une femme nue dont le sexe n'est pas plus joli pour autant...
    ça me dépasse je comprendrai jamais mais y a tellement de choses que je ne comprendrai jamais ☺
    bon WE et bonnes fêtes Eric bisous ☺

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    1. Coucou chère nays,

      Comme toi je suis souvent assez perplexe! Dans les pays Anglo-saxons la nudité est considérée comme dangereuse, alors que dans les sociétés dites 'primitives' elle est vécue comme naturelle...

      Bisous chère nays, passe de très bonnes fêtes!

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  2. C'est incompréhensible en effet, et je peux même dire qu'on est dans l'excès inverse avec l'image de la femme, bonne à tout faire avec la totalité de son anatomie mise à toutes les sauces, c'en est écœurant, plus d'intimité du tout, plus de mystère, le corps féminin dans tous ses états est jeté en pâture au public et qu'il se débrouille avec. Et face à ça, cette pudeur bizarre quant à l'anatomie masculine, cette retenue complexée, comme si c'était anti-naturel de montrer le corps masculin dans son intégrité. Deux extrêmes opposés qui nous questionnent sur le peu d'ouverture d'esprit face à l'évolution des mœurs. Les femmes, allez, toutes nues ! Les hommes, heu, vite une feuille de vigne. N'est-ce pas désopilant ? Bon. Je suis très heureuse d'avoir retrouvé ton blog peinture qui me manquait :-) Je t'embrasse Eric et bonne journée !

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    1. Salut chère Thaddée, j'ai ri en lisant ton commentaire. Il est très juste et je n'ai vraiment rien à y ajouter! Je te souhaite une magnifique journée, ici temps doux et grand soleil! Bisous.

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