271) Les jumeaux

Les jumeaux, version finale,
illustration numérique © Eric Itschert

Les jumeaux, première version,
illustration numérique © Eric Itschert

Cette illustration numérique procède d'un dessin tout simple, minimaliste. Le dessin sert à illustrer mes 'Histoires de faunes'. Le papillon au-dessus de la première version des jumeaux me fit penser au test de Rorschach. Ce dernier se fait à partir de taches d'encre sur un papier, on replie le papier et on a un dessin symétrique sur la feuille, comme sur l'exemple ci-bas.

Un papillon réalisé avec des taches d'encre...

J'ai développé un premier volet à mes 'Histoires de faunes'. Je voulais introduire la genèse de mes personnages. Il y avait une petite difficulté: il était question des retrouvailles de trois âmes-sœurs dans un espace-temps pas trop éloigné du nôtre. Pour être plus précis j'aurais dû parler d'âmes triplées et non d'âmes-sœurs. Mais si le concept d'âmes jumelles existe, celui d'âmes triplées n'existe pas encore.

Cette genèse des personnages fait l'objet d'un premier livre.

Des âmes jumelles, un papillon unique

L'illustration des jumeaux intervient dans un moment de l'histoire où le troisième personnage principal n'apparaît pas encore. Concernant les deux premiers personnages principaux il s'agit d'âmes jumelles habitant des corps physiquement terriblement ressemblants. Pourtant il n'y a aucune parenté biologique entre eux. Étrangement, les 'jumeaux' Sven et Morgane sont aussi proches l'un de l'autre que de vrais jumeaux monozygotes. 

Comme bien des gens j'ai été fasciné par les vrais jumeaux: il y a une relation entre eux qui est particulièrement forte. Lors d'un interview d'un couple gémellaire les jumeaux racontaient avoir l'impression de ne former par moments qu'une seule âme. D'où le papillon unique au-dessus du couple. Le papillon est symbole de l'âme et de la gnose (connaissance).

Des personnages abstraits

Mes personnages sont des êtres symboliques, idéalisés. Ils ont atteint un degré de perfection qui n'existe pas dans notre monde. On peut comparer leur statut de symbole à celui de Béatrice dans la Divine Comédie de Dante. La difficulté est que Béatrice ne supporte pas une représentation trop concrète. Il est difficile de représenter un idéal autrement que par des symboles.

Chacun doit pouvoir se représenter mes personnages comme il le veut. Une manière d'éluder le problème de la représentation des personnages est de les montrer de manière minimaliste, presque abstraite.

Un autre exemple de minimalisme, pour ceux qui ne connaissent pas la Divine Comédie de Dante, est la représentation de Tintin dans la BD belge. Tintin n'a aucune épaisseur, son succès vient entre autres de sa représentation proche d'un idéogramme. Il est le jeune homme idéal, un reporter sportif pétri du sens de la justice et de l'équité.

Le style manga

Tout naturellement j'ai donné à mes personnages une apparence de héros de manga. Dans les mangas les personnages sont souvent ramenés au symbole. Même leurs émotions sont traduites en symboles. Le Japon est habitué à utiliser des idéogrammes, les personnages des mangas sont tout droit sortis de cette tradition. Mes personnages et le papillon sont représentés en deux dimensions, sans volume. Seuls les nuages ont du volume. Ils restent pourtant un concept, le concept 'nuages dans un ciel bleu'.

Un dessin préparatoire

Ci-dessous je ne résiste pas à l'envie de vous montrer le dessin préparatoire à l'illustration numérique. Ce dessin est réalisé à l'encre noire.

Dessin préparatoire, © Eric Itschert

Pour terminer je paraphraserai Jean Auquier  dans son introduction à l'art de la BD, au Centre Belge de la Bande Dessinée à Bruxelles, en appliquant à l'illustration ce qu'il écrit à propos de la BD:

[ L'illustration ] "est le résultat d'une complicité toujours plus forte entre le désir de raconter et l'art de dessiner.
[L'illustration] est le plus littéraire de l'art plastique..."


BD et illustration sont, à mon avis, très proches quant au désir de raconter...