315) Hippies


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Autoportrait en hippie, © Eric Itschert


Complété à 14:18

Autoportrait en photomaton


Pour composer cette affiche j'ai utilisé un autoportrait du temps où j'étais étudiant. Il avait été réalisé en photomaton (cabine photographique pour photos d'identité): j'avais besoin d'une photo d'identité pour ma carte d'étudiant. J'avais 19 ans, et je commençais mes études d'architecture à l'Institut Supérieur d'Architecture Saint-Luc à Saint-Gilles (Bruxelles). Comme on est pour le moment en confinement, j'ai du construire l'affiche avec les moyens du bord. Le chèvrefeuille a été photographié dans le jardin...


Le Petit Livre rouge des écoliers et lycéens


À l'époque où nous étions étudiants à Bruxelles nous avions largement bénéficié des libertés acquises grâce à mai 1968. En '68 j'avais quatorze ans, et j'étais collégien dans un collège de Jésuites. En arrivant à Bruxelles en 1973 une des premières choses qu'une fille m'a offerte c'était "Le Petit Livre rouge des écoliers et lycéens". Jusque-là j'avais vécu dans un univers exclusivement masculin et religieux, je découvrais avec merveille la douceur des filles. Le monde s'ouvrait à moi, mon attirance pour les filles s'est tout naturellement ajoutée à celle que j'avais déjà pour les garçons.


L'héritage de mai '68


Alors non, il ne faut pas effacer l'héritage de mai '68, bien des gens de mon temps se sont construits grâce aux acquis de l'époque (voir mon article précédent) (1). Le temps d'avant était celui où il existait une "police des mœurs" aussi perverse qu'un Jésuite amoureux d'un élève, justifiant son voyeurisme par une morale arbitraire et un pouvoir d'une violence extrême sur l'intimité de l'autre. 

Le temps d'avant était celui où un clergé catholique encore tout-puissant et parfois abuseur nous flanquait la peur et la honte sur notre propre corps. Je cite un passage du fameux numéro 12 du journal "Tout", paru le 23 avril 1971, et très vite interdit de vente:

"On avait dit 'un numéro apolitique', un numéro de plain-pied avec les gens, au niveau de la vie quotidienne. La parole, on voulait la donner à tout ce que la Grande Politique, même de gauche, même gauchiste, refuse ou refoule. Et puis, ce qui a déferlé, et ce dont ce numéro est le témoin, c'est ce qu'on appelle de façon méprisante, honteuse ou médicale les questions sexuelles. Depuis notre enfance, on nous fait honte de notre corps. On nous empêche de nous branler d'abord, sous des prétextes médicaux farfelus, on nous empêche de mettre les coudes à table, on nous oblige à n'être jamais à poil. On nous fait honte de notre corps parce qu'il traduit nos désirs, même quand nous n'osons pas les dire. On nous dit: soumettez-vous dans votre chair, portez des cravates, des slips et des soutiens-gorge..."


Libérer les corps pour pouvoir libérer l'âme


Toute ma peinture est issue de l'époque hippie: libérer les corps, oser montrer leur sensualité et leur sexualité, pour pouvoir libérer l'âme. Bien sûr je suis resté profondément spiritualiste et le libertinage ne m'intéresse pas. Mais l'un (libération des corps) n'implique pas nécessairement l'autre (sexualité dissociée de la tendresse et de l'amour). Je le répète, ma peinture a toujours été militante! Et à mon tour j'ai eu souvent affaire à des censeurs: par exemple à Anvers, en 1997, mes tableaux ne pouvaient pas être exposés en vitrine, car les nus masculins y étaient interdits... (2)

Un peintre militant ne peut accepter d'exposer dans des grandes galeries internationales, il ne peut accepter que son travail serve à blanchir de l'argent sale sous un faux air "d'avant-garde". Cela a toujours été un de mes principes même si à une époque un de mes refus m'a coûté très cher. L'art actuel est particulièrement aliéné par la pression des salles de vente et du grand capital.

Cette lutte pour la liberté n'est jamais terminée, et je souhaite le meilleur courage aux nouvelles générations: tout est à réinventer, c'est l'occasion ou jamais de penser à un monde nouveau. Rompons définitivement avec l'horreur du néolibéralisme criminel, et exigeons une démocratie participative. Car il faut sans cesse lutter contre les tyrannies renaissantes. Ne nous illusionnons pas: plus que jamais nous devrons batailler jour après jour, que ce soit par le renoncement à une consommation facile et inéquitable, ou par une vigilance accrue envers toute tentative d'aliénation concoctée par le monde politique et financier. Les sociétés avancent parce que des individus ou des groupes font pression, se battent, s'engagent en paroles et en actes dans une lutte permanente pour la transformation des mentalités. Si, en ces temps incertains, je devais mourir prochainement, c'est le premier message que je voudrais adresser à tous mes lecteurs...



(1) Bien sûr il faut utiliser un philtre pour voir ce qu'on en retient. L'horreur maoïste valait largement celle du nazisme, et les errements de Sartre ne m'ont jamais plu! Je parle des préoccupations du peuple fleuri, et pas des diktats politiques des penseurs parisiens à la mode... 

(2)  Paradoxalement les nus féminins ne posaient aucun problème.




Commentaires

  1. hello Eric
    un beau jeune homme ☺☺ ah oui une sacrée époque et nous lui devons bcp, nous avons eu la chance de la vivre ..18 ans en 68 j'avais (y) je n'ai pas vécu dans la religion, ma mère disait qu'elle avait usé ses genoux durant ses années chez les petites soeurs ça lui a suffit hihi
    oh que non elle n'est pas terminée du tout, rien n'est jamais acquit dans la vie..
    doux WE bisous ☺

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    1. Merci chère nays, heureusement que tu ne me vois pas rougir en te lisant! ;-)
      Eh oui, tout est à refaire sans cesse! Gros bisous, passe une très belle nuit!

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