405) NightCafé : des images très perfectionnées.
L'entrée de l'école d'art, illustration pour les "Histoires de faunes", base image NightCafé, retravaillée ensuite sur Photoshop avec des dessins personnels. © Eric Itschert. |
« Garçon androgyne nc03 », image NightCafé. |
D’autres intelligences artificielles génératives.
1. NightCafé, des images très perfectionnées.
1.1. Les images,
selon le style qu’on choisit, sont parfois vraiment très belles. Du coup on
pourrait presque les utiliser tel quel. Presque, car malgré tout un minimum de corrections s'imposent. Souvent une bouche, un nez ou un œil. Mais en même temps le travail de l’artiste s’achève
d’emblée, avant même d’avoir commencé. Cela pourrait inciter à la paresse. Et
puis certains reprochent le manque d’âme de ces images et une standardisation du goût (1).
1.2. Les scories trahissent parfois un « emprunt » de matériel mal digéré : dans le « portrait de jeune fille au chapeau jaune », on voit une imitation de texte de type chinois comme seules les intelligences artificielles génératives peuvent nous en produire. Le texte, même pour un chinois, ne veut rien dire, c’est juste un joli graphisme. Concernant cette image je n’ai jamais demandé dans mon prompt que la fille soit épaules nues, mais le hasard m’arrange beaucoup et c’est une image qui donne envie de la retravailler. Le feuillage qui nait du torse ajoute à la belle surprise. Mais en même temps l’image suscite un certain malaise : les modèles avant génération ont été pillés où ? Le texte fantôme ne provient en tout cas pas d’une image à moi !
« Portrait de jeune
fille au chapeau jaune », image NightCafé, à très basse
résolution. Scorie : imitation de texte chinois en bas à droite. |
1.3. On voit des
sites entiers remplis d’images très esthétiques. Mais à la longue on remarque que
ces styles sont toujours les mêmes. Dans celui que je préfère, ils font parfois
penser à des tableaux anglais de l’époque victorienne ou d’avant (2). Il y a une
sorte d’uniformisation du « beau », du « goût », un cadre,
et à partir du moment où il y a un cadre je n’ai qu’une seule envie :
celle d’en sortir. Ces images peuvent servir de tremplin pour de nouvelles
créations, mais elles peuvent aussi enfermer et contraindre le créateur. La
perfection n’est pas de ce monde, même lorsqu’une intelligence artificielle s’en
mêle…
2. Une application gratuite.
NightCafé est une
application gratuite, mais il faut avoir beaucoup de temps pour gagner des « bonus »,
des jetons si on veut, si on veut continuer à travailler gratuitement. Autrement
dit on travaille aussi pour eux, en échange de jetons. On n’a jamais rien pour
rien, c’est logique. On devient un petit hamster, qui participe à faire tourner
la roue.
C’est très
ludique ! On vote ? On gagne des jetons. On publie ? On gagne
des jetons. On donne des infos sur soi-même ? On gagne encore des jetons.
Et j’en passe. Il y a un côté très addictif, c’est un peu comme un jeu en
ligne. La curiosité pour avoir sans cesse de nouveaux résultats et visionner toujours
plus d’images des autres est favorisée. Je ne parle même pas des invitations à
rejoindre « la communauté ». C’est terriblement chronophage !
Tout est aussi
fait pour amener à dépenser ses bonus. Par exemple, on reçoit des images
gratuites, mais elles sont à très basse résolution (exemple: portrait de jeune fille au chapeau jaune). Du coup, bien sûr, on
demande l’image en plus haute résolution, et ça c’est payant avec des jetons. Aucun
reproche dans tout cela, ce sont les règles du jeu et on apprend très vite. Mais
cela risque de devenir un cauchemar lorsqu’on a trop tendance à collectionner. Le
bon côté c’est que les règles sont très transparentes. Vous retenir le plus longtemps possible devant l'écran, c'est le but.
3. Des projets de portraits en pagaille.
Une chose est certaine, NightCafé me donne plein d’idées pour la réalisation de nouveaux portraits. Me connaissant, je sais que chaque portrait sera recréé et que cela me demandera beaucoup de temps. Je n’aurai jamais assez d’une seule vie pour réaliser tout ce que j’ai encore envie de faire.
Prochainement je
reprendrai mon dialogue fictif avec l’intelligence artificielle générative, il
y a encore beaucoup à dire et à expérimenter.
(1) La standardisation des images se produit lorsqu'elles sont générées par prompt (texte). Le rédacteur du texte est invité à choisir parmi un nombre plus ou moins limité de styles d'images. Des réponses toutes faites court-circuitent alors une part du processus d'invention, du moins si l'outil est mal utilisé.
(2) Récemment,
sur Instagram, je suis tombé par hasard sur une anecdote très amusante mais qui
fait réfléchir. Un amateur d’anciens portraits à l’huile publie un portrait du Vicomte
Maurice Haughton, datant de 1785. Le Vicomte a alors 19 ans. Une pièce vraiment
magnifique et en très bon état. L'amateur reçoit plein de félicitations sur
cette « superbe image réalisée par IA. » Il aura beau démentir et
affirmer qu’il s’agit d’une photo d’un vrai portrait peint à l’huile, que ce n’est
en rien une image créée par IA, une partie de son public restera sceptique !
Commentaires
Enregistrer un commentaire