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"Jeune homme ailé XIIII", série d'études en noir et blanc, © Eric Itschert |
En conclusion
Rappel : toutes ces images en noir et blanc ont étés réalisées à l’aide d’une intelligence artificielle, d’après des photos de mes modèles ou des dessins et des aquarelles reconvertis en style photo. Les images sont le résultat d’un travail personnel, résultant des matériaux avec lesquels j’ai nourri l’IA, mais aussi de la post-production (modifications à même l’image).
Un même modèle.
Voici une variante de l’image d’Icare montré au post 430 : c’est le même modèle qui a servi aux deux images, mais avec un meilleur résultat dans cette dernière version. Ici j’ai joué avec des plans différents en arrière-fond. En haut l’image censurée (voir mon article sur la censure). Pour voir l'image non censurée, cliquer sur la vignette en bas.
Une image rendue intéressante par ses imperfections.
J’aime les « accidents » dans une image créée par intelligence artificielle. Je garde soigneusement cette série d’images, pour éventuellement l’exposer un jour, non censurée et libre de logos, en grand format, avec juste une signature derrière. Car même si j’ai laissé des défauts propres à l’IA, j’en ai aussi corrigé beaucoup. C’était un véritable travail d’horloger ! Je revendique un copyright sur ces images, car on est très loin des images brutes fournies par l’IA. Une image où il n’y aurait rien à faire ne m’intéresse pas.
Une conclusion en terminant cette série d'images
1. La part de délire.
En conclusion, je crois que l’on peut créer des choses intéressantes avec, à un moment du processus, l’intervention de l’intelligence artificielle. Il faut toujours une part de délire au cours de la création d'une œuvre d'art. À ce stade, l'intervention de l'IA peut nous être très utile! Mais je ne crois pas que l’IA puisse jamais remplacer l’artiste ni l’œuvre.
2. Les confusions au sujet de l'IA découlent de celles sur l'art.
Il y a trop de confusions au sujet des capacités de l'IA dans le domaine de l'art, tout simplement parce qu'on ne sait plus très bien ce qu'est l'art. Il est impossible d'enfermer l'art dans une définition, l'art est au-delà de toute description. Par contre on peut plus facilement déterminer ce qui, en tout cas, n'est pas œuvre d'art! Ainsi l'œuvre d'art peut inclure des concepts, mais les concepts à eux seuls ne suffisent pas à créer une œuvre d'art (1). L'œuvre peut inclure de la géométrie et/ou des mathématiques, mais ni la géométrie ni les mathématiques à elles seules suffisent à créer une œuvre d'art. Or, à notre époque où l'on ne reconnait plus l'existence de l'âme, n'est-il pas difficile d'avoir une quelconque notion sur ce qu'est une œuvre d'art? Du coup on peut s'illusionner, comme le fait le mathématicien Marcus du Sautoy dans son livre "Le code de la créativité" (2), et entrer dans de nouvelles impostures intellectuelles. Le sous-titre de son livre est: "Comment l'IA apprend à écrire, peindre et penser". Or l'IA ne peint pas et ne pense pas. Avez-vous jamais vu des algorithmes prendre des pinceaux et peindre sur une toile? (3) L'IA singe et produit des images.
C’est un NéoGolem faiseur d’images, ni plus, ni moins. Or l’art sensible va bien au-delà de l’image, il commence là où l’image s'arrête. Il commence là où les concepts s'arrêtent. Il commence là où les mathématiques s'arrêtent. Le NéoGolem plagie. Et le plagiaire sera toujours en-deçà de ce qu’il imite. Pour prendre une allégorie, le bleu d'une gentiane ne sera jamais égalé par celui d'une image. Il faut d'autres pigments et de la vraie peinture pour ce faire.
3. La face noire de l'IA.
On ne le répétera jamais assez, il y a une part très noire dans l’IA. Le savoir qu’elle nous donne n’a pas été énoncé par nous-même. Nous avons été à l’origine de ce savoir, mais il nous a été volé. Sans notre permission : nous avons été mis devant le fait accompli. C’est propre au néo-capitalisme, il s’approprie des richesses, des forêts et des terres qui ne lui appartiennent pas.
Les algorithmes nous ont volé les images de nos œuvres, elles les ont mixées et recombinées, pour nous les restituer comme des créations extérieures à nous. Comme si nous n’avions pas été à l’origine de ces images. Mais cela restera toujours circonscrit au niveau de l’image. L’œuvre en elle-même n’est tout simplement pas copiable. Un vrai amateur d'art préfèrera évidemment un authentique dessin ou une peinture, à sa reproduction dans un catalogue. Ainsi l'œuvre d'art échappera toujours à l'emprise de l’IA… (4)
Étude en noir et blanc, © Eric Itschert
(1) D'où l'imposture du non-art conceptuel, qui affirme le contraire.
(2) Un livre à lire aux éditions Champs sciences (Flammarion).
(3) Je ne compte pas cette tentative pathétique de création d'un nouveau tableau de Rembrandt. Cette tentative va jusqu'à la création d'un relief pour ce 'tableau', à l'aide d'une imprimante 3D! Et cela donne quoi? Je cite, dans le livre de Marcus du Sautoy, la conclusion du critique d'art britannique Jonathan Jones: "Quel simulacre de tout ce qui est créatif dans la nature humaine, horrible, dépourvu de goût et de sensibilité, et sans âme aucune […] Quel répugnant produit de notre curieuse époque, où les plus grands cerveaux se consacrent aux 'défis' les plus stupides, où la technologie est appliquée à des choses pour lesquelles il ne faudrait jamais s'en servir…" (Guardian).
(4) Mais alors, les images que je vous ai présentées, était-ce de l'art ou pas? J'y ai beaucoup travaillé en pré et post-production. Je me suis rendu compte que j'y avais mis, par image, autant de temps si pas plus que pour une aquarelle classique. On pourrait couper la poire en deux en disant que ce sont... des images d'artiste? Comme pour les cyanotype ou la photo, elles permettent un production en série limitée. Le tour de la question étant fait, il est temps pour moi de retourner au dessin et à la peinture...
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