406) Aquarelle d’un nageur nu sous l’eau.


"Nageur 2023-2", aquarelle sur papier mat Lana 300g/m2,
 36 cm X 48 cm, © Eric Itschert.



Composition détachée de la photographie unique.


1. Un univers au-delà du miroir.


La composition de cette aquarelle s’est faite en s’affranchissant de la photo unique. S’affranchir de la photo unique n’est pas neuf dans ma peinture, mon but n’a jamais été de réaliser des œuvres hyperréalistes. J’ai toujours aspiré à réaliser un univers au-delà du miroir, celui où s’invite l’étrangeté, le rêve et le symbole (1).

2. Capter un moment bien précis dans un univers changeant.


Dans le cadre des nageurs évoluant sous l’eau, et observés à partir d’un point fixe hors de l’eau, je devais faire une exception à mes règles habituelles : partir d’une photo unique, pour capter un moment bien précis. Le côté dynamique de la scène offrait de nombreux problèmes : comment fixer le mouvement du nageur de manière absolument juste ? Tout change en une fraction de seconde : non seulement le mouvement précis du nageur, mais aussi les reflets de lumière et les ondes de l’eau.

Bien sûr je pouvais recomposer la scène ensuite, en prenant soin de ne pas trahir l’instant. Mais une seule et unique photo déterminait les lignes directrices de ma composition. Depuis lors j’ai franchi un nouveau pas. À force de connaître le moindre mouvement du nageur, et d’avoir ces mouvements dans la peau en nageant moi-même, je pouvais enfin composer librement. Composer librement, c’est partir d’un nouveau point de vue, et reconsidérer chaque élément de la composition sans l’aide d’une photo directrice.

3. Changer de point de vue.


Dans le cas de cette aquarelle, le nageur est vu de haut, comme si j’avais utilisé un drone pour le survoler. J’aurais aussi pu obtenir cet effet en photographiant mon nageur à partir d’un système compliqué de perche mouvante. La composition libre affranchit le peintre de tout cet appareillage lourdingue. Le nageur peut être affiché de plusieurs manières différentes, j'en montre un exemple ci-bas.


Le nageur peut être affiché de plusieurs manières différentes...


4. Des points de vue de plus en plus improbables.

En jouant avec l’intelligence artificielle générative, celle-ci m’a ouvert de nouvelles pistes et de nouveaux points de vue sur les thèmes qui me sont chers. Elle m’a révélé des points de vue absolument impossibles à prendre en photo. En même temps il faut la prendre comme elle est : ne vivant pas dans un corps, ses capacités sont encore très limitées. On ne peut absolument pas s’y fier pour reproduire les mouvements d’un nageur dans l’eau ni les bulles résultant de la respiration du nageur. Ce sont de purs algorithmes hors de toute réalité physique.

Mais ces algorithmes nous font toucher à l’improbable. J’en donne un exemple. Sur ma troisième image on voit un nageur remontant des profondeurs. Il porte une bulle étrange. Avec mon matériel actuel il me serait impossible de prendre une telle image, le nageur me heurterait.


Nageur remontant des profondeurs,
 image générée par l'intelligence artificielle DALL-E2


En regardant les images créées par l’IA je me suis aussi dit que cela pourrait être intéressant de représenter des bulles à partir d’autres sources : des bulles dans le verre d’un soliflore, des billes revues comme bulles, etc…


Représenter des bulles à partir d’autres sources...




(1) Les Delvaux de mon enfance ont étés déterminants pour mes choix futurs. J’ai glissé des improbabilités dans chacune de mes peintures. Cela va d’une perspective sortant de son cadre comme dans Aïnigma, aux perspectives avec horizons placés différemment pour les personnages de mes tableaux « La mer aux pierres d’ambre cachées » ou « Zwin N2 » (2)

(2) Pour « La mer aux pierres d’ambre cachées » je voulais créer des personnages posés dans le paysage comme dans une miniature persane. Si j’avais suivi les règles d’une perspective construite, la fille en avant-plan aurait caché une partie de mes autres personnages et aurait pris trop d’importance. Pour « Zwin N2» les deux garçons s’intègrent normalement dans le paysage, mais pas la fille. Je la voulais hiératique, comme une énigme placée dans le tableau. L’horizon est placé au milieu de son corps, et pas au-dessus du corps comme pour les deux autres personnages s’intégrant au paysage. Ce sont des subtilités juste assez visibles pour déstabiliser le spectateur et le faire passer de l’autre côté du miroir. 




Commentaires

  1. Cette aquarelle est vraiment superbe! En particulier: j'aime les couleurs pastel qui soulignent la sensualité du modèle, et les bulles créant un effet supplémentaire de perspective. J'adore!

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    1. Concernant les bulles, ce n'est qu'un début: elles seront beaucoup plus présentes dans mes compositions futures. Et ceci grâce à mes échanges avec une intelligence artificielle générative, qui brise tous mes anciens cadres! Tu as pu t'en rendre compte sur NightCafé ;-) Bisous!

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